29 novembre 2009

La famille de Cordoue

Source : Nobiliaire Universel de France, Tome II, page 68
BnF/Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36862s

CORDOUE, Cordova en espagnol, Corduba en latin, Cordes par corruption, en idiome provençal.

Cette famille, noble de sang et d'armes, originaire d'Espagne, est établie en Provence depuis l'année 1493, que Jean Ferrier, aussi espagnol de nation, fut fait archevêque d'Arles, et amena avec lui en France les deux familles espagnoles de Cordova et de Retz.

Tout ce qui atteste l'origine et l'ancienneté de cette famille est extrait :
  1. De la Chronique de Provence recueillie par Jean Nostradamus, et imprimée, en 1613, par son neveu César, sur un décret des Etats du pays assemblés à Aix en octobre 1603 ;
  2. De l'Etat de la Provence, par l'abbé Robert, imprimée en 1693 ;
  3. De l'Etat de la France, par M. le comte de Boulainvilliers ;
  4. De l'Histoire héroïque de la Noblesse de Provence ;
  5. Du Dictionnaire de la Noblesse de France, deuxième édition de 1772 ;
  6. Des preuves faites par les chefs des diverses familles nobles de Provence, pour l'assemblée de la Noblesse en 1789.
  1. Ferrand de CORDUBA, en français de CORDOUE, venu d'Espagne avec ledit archevêque d'Arles Jean Ferrier, établit sa famille à Salon, petite ville de Provence, et fut père d'Antoine, 1er du nom.

  2. Antoine épousa, le 9 avril 1518, Antoinette de Cadenet, dont il eut Antoine, IIe du nom.

  3. Antoine II, seigneur d'Aurons, gouverneur de la forteresse et de la ville d'Entrevaux, alors place frontière de Provence, reçut, en 1571, du roi Charles IX, le collier de son ordre, non tant en raison de ses services précédents, qu'en considération de ce qu'il était issu d'une famille noble d'Espagne (Chronique de Provence précitée.) Il se signala dans les guerres de la Ligue et mourut en 1589, dans son château d'Aurons, où il fut assassiné, avec partie de ses serviteurs, par les gens de guerre de la ville de Salon. Il avait épousé, le 14 mai 1553, Jeanne de la Roque, de laquelle il eut deux fils:
    1. Jean, qui succéda à son père dans le gouvernement de la place d'Entrevaux, et mourut au siège de Montpellier. Il avait épousé, en 1574, Isabeau de Paul, des seigneurs de Lamanon, dont il eut des fils qui moururent célibataires ;
    2. Jacques, dont l'article suit (1).
      (1) Ce fut durant leur vie que Melchior du Puget, fils aîné d'Antoine du Puget, baron de St.-Marc, Gaspard Mirzarlier, seigneur de Bédéjui, et Antoine Maleinbui, tous trois gentilshommes provençaux revenant d'Italie, déclarèrent par acte reçu Baudouin, notaire à Aix, le 26 février 1611, qu'étant à Naples au mois de juin précédent, ils avaient été priés, par les seigneurs de Cordova, marquis de Sainte-Croix, et dom Loys de Cordova son frère, chevalier de l'ordre de St.-Jean de Jérusalem, de donner à leur retour à Salon, de leurs nouvelles leurs proches parents y établis, étant issus d'un cadet de leur maison, qui alla habiter en ladite ville de Provence. (la Chronique de Provence précitée, fait mention de ce seigneur de Cordova, marquis de Sainte-Croix).
  4. Jacques, seigneur d'Aurons, fut marié le 2 février 1598, à Marguerite le Roux des seigneurs de Lamanon, de laquelle il eut plusieurs enfants. Le seul qui ait fait souche fut Honoré, dont l'article suit :

  5. Honoré, seigneur d'Aurons, épousa, le 16 septembre 1653, Blanche de Rosset, des seigneurs de Tourvieille, dont il eut pour fils :
    1. André-Paschal, dont l'article viendra ;
    2. Louis, qui n'a pas fait souche.

  6. André-Paschal, seigneur d'Aurons, épousa, en premières noces, Madeleine d'Hugues, dont il eut un fils mort célibataire ; Et, en secondes noces, il épousa, le 21 décembre 1688, Gabrielle de Sobiras, fille de Pierre-François de Sobrias et de Marguerite Rémond de Modène. De ce mariage sont issus :
    1. Louis-André, seigneur d'Aurons, lieutenant-colonel du régiment de la Feronnais, dragons, chevalier de Saint-Louis, mort célibataire ;
    2. Joseph-Gabriel, dont l'article viendra, qui a fait une branche devenue l'aînée ;
    3. Philippe-François, qui a fait souche en Poitou, en Normandie et en Amérique ;
    4. Jacques, dont la souche s'est éteinte en Provence ;
    5. Auguste-Joseph-Jacques, mort chanoine du chapitre de Saint-Sauveur d'Aix ;
    6. Rose, mariée, en premières noces, à N*** de Milani ; et, en secondes noces, à N*** de Sannazard ;
    7. Marie-Thérèse, morte abbesse de Sainte-Catherine d'Avignon.

  7. Joseph-Gabriel, Ier du nom, officier de dragons, épousa, le 30 janvier 1728, Marie de Merez, fille d'André de Merez et de Marianne de Chambaud de Bavas, dont il eut, outre plusieurs enfants célibataires :
    1. Joseph-Gabriel, IIe du nom, dont l'article viendra, qui a continué la branche aînée ;
    2. Philippe-Dominique, capitaine dans le régiment de Monsieur, infanterie, chevalier de Saint-Louis, s'étant marié, mais n'ayant point eu d'enfants.

  8. Joseph-Gabriel, IIe du nom, marquis DE CORDOUE, seigneur d'Aurons, comme héritier de feu Louis-André son oncle, chef d'escadron, commandant au régiment de Languedoc, dragons, chevalier de Saint-Louis, marié en 1775, à Geneviève-Claudine le Bault, fille de Jean-Gabriel le Bault, président au parlement de Dijon, et de Jacquette-Jeanne Burteur, n'a laissé en mourant, que deux fils:
    1. Louis-André, dont l'article suit ;
    2. Joseph-Gabriel, marié, en 1805, à Camille-Eugénie-Charlotte Ringharde de Montboissier Beaufort-Canillac, fille de feu Charles-Philippe-Simon de Montboissier Beaufort-Canillac, colonel du régiment d'Orléans, dragons, et de Françoise-Pauline de Lamoignon de Malesherbes, existants.

  9. Louis-André-Jean-Raphaël, marquis DE CORDOUE, marié, en 1799, à Marie-Anne-Julie-Victoire-Caroline Jacquemet de Saint-Georges, fille de feu Jean-Baptiste Jacquemet de Saint-Georges, d'abord officier de dragons, ensuite conseiller au parlement de Grenoble, et de Marie-Antoinette de Chabrières de Peyrins.
Armes : « D'azur, à l'ours d'argent, debout, tenant dans ses deux pattes un monde croiseté d'or. » Sa devise est : Ferme dans l'adversité.

Actes52

Je pensais en avoir déjà parlé mais, après vérification, il semble que non. Le Centre Généalogique de Haute-Marne met à disposition via le logiciel ExpoActes environ 600.000 actes. Cette base de données est le résultat du travail des membres de cette association ET de bénévoles indépendants qui ont souhaité nous faire profiter de leur travail. La consultation des tables et des actes présentés sur ce site est libre et gratuite. La consultation du détail éventuel des actes nécessite un code d'accès qu'il suffit de demander par la création d'un compte utilisateur (voir sur le site).

28 novembre 2009

La maison du Pin de la Guérivière

Source : Nobiliaire Universel de France, Tome II, page 42
BnF/Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36862s

PIN DE LA GUÉRIVIÈRE (Du). La maison DU PIN DE LA GUÉRIVIÈRE dans les titres latins de Pino vel del Pinu, originaire de Normandie, où elle possédait la terre du Pin à laquelle elle a donné son nom ou de qui elle l'a reçu, y est très ancienne, et d'une noblesse de chevalerie.

Connue dans cette province où elle tenait un rang distingué avant 1100, elle prouve par l'histoire plusieurs faits d'armes glorieux au temps de Guillaume le Bastard, duc de Normandie, et de la conquête de l'Angleterre, en 1066, par ce même prince, toujours attachée et à la suite des comtes Roger de Beaumont et de Meulent, dont elle servit et suivit toujours le parti, tant en Normandie qu'en Angleterre, associant son nom à plusieurs donations, chartes, fondations pieuses de ces seigneurs ; elle produit elle-même une charte de l'an 1130, par laquelle, du consentement et de l'avis du comte de Meulent son seigneur, Morin du Pin aumône à perpétuité sa terre de Cateby en Angleterre, à l'Eglise et aux chanoines de Saint-Pierre-de-Dunstaple, qui l'ont reçu chanoine avec eux ; témoins Valeran, comte de Meulent ; Roger, comte de Warwick ; Hugues de Meulent, frère du comte, etc., etc.

L'histoire de la maison d'Harcourt qui compte au nombre de ses illustres ancêtres, les anciens comtes de Meulent et de Beaumont-le-Roger, est pleine de titres qui associent à son illustration la maison du Pin, tant en Normandie qu'en Angleterre.

Jusqu'au temps de la troisième croisade, l'an 1190, époque où Jourdain du Pin, croisé et l'un des chefs de la flotte de Richard Cœur-de-Lion, duc de Normandie, partit pour la Terre-Sainte, la maison du Pin portait pour armes « d'azur à trois coquilles de gueules semé de douze larmes, cinq en chef, six en bordure et une en pointe ; depuis lors, elle porte d'argent à trois bourdons, de gueules, mis en pal, et pommetés de même. Devise : Fidem peregrinans testor.

Gilbert du Pin, vaillant capitaine lieutenant de Roger, sire de Beaumont, assisté d'un grand nombre de ses amis, conduisit les troupes de Pontaudemer, de Préaux et de Montfort-sur-Risle, de la dépendance de Roger, au siège et à la prise de Briosne, place que Robert, duc de Normandie, lui avait ôtée, pour la donner à Robert, fils de Beaudouin de Meules, l'an 1090.

Les titres latins disent : Gislebertus de Pino princeps militiœ erat, et obsidentium turmas ut assaltum darent audacter incitabat.

Gilbert du Pin reçut, à ce siège, un coup de flèche en la tête.

Odoart du Pin (que l'abbé de Vely appelle Odart), présumé fils de Gilbert, fut l'un des chefs de la conjuration de la Croix de Saint-Leufroy ès années 1121, 1122. Il eut les yeux crevés, en 1123, avec Georges de Tourville et Luc de la Barre, par ordre d'Henri Ier, roi d'Angleterre et duc de Normandie, qui emmena avec lui en Angleterre, une partie des familles des conjurés. Le comte Valeran de Meulent se ressentit aussi de la colère de Henri ; ayant fait prisonnier au bourg Touroude, le roi fit brûler Briosne, conquise en 1090, par Gilbert du Pin, ainsi que Montfort, Pontaudemer, et la ville et les églises d'Evreux.

Morin du Pin, écuyer-tranchant du duc de Meulent, en 1124, fut son gouverneur dans Beaumont le Roger, qu'il tarda tant à rendre aux sommations du roi Henri, duc de Normandie, qu'il en fut banni à perpétuité et ses biens acquis au domaine ducal, toutes les forteresses du comte de Meulent, remises en la main du duc, et lui et ses beaux-frères conduits en Angleterre. Morin du Pin donna par charte, de l'an 1130, sa terre de Cateby, en Angleterre, à l'église et aux chanoines de Dunstaple, dans le comté de Bedfort ; témoins Waleran, comte de Meulent ; Roger, comte de Warwik ; Hugues de Meulent, frère du comte, etc., etc. Cette charte est adressée à ses très-chers frères, Guillaume du Pin et Gilbert, de Bonesbor, son gendre.

Jourdain du Pin, croisé, fur un de chefs de la flotte de Richard Cœur-de-Lion, duc de Normandie et roi d'Angleterre, avec l'amiral Margarit, l'an 1190. Réuni à Messine à Philippe Auguste, roi de France, Richard donna à Jourdain du Pin la garde de la ville de Messine ; il fut employé à apaiser les différends avec Tancrède, roi de Sicile, au sujet de la dot de la reine Jeanne, sœur de Richard, concurremment avec les archevêques de Messine, de Montréal et de Rise, et l'amiral Margarit, lesquels amenèrent pour les seconder, le roi de France, Renaud, évêque de Chartres, Manasses, de Langres, Hugues, de Bourgogne, Pierre, comte de Nevers, Geoffroy, comte du Perche, Gautier, primat de Normandie, Girard, archevêque d'Auch, et quelques Anglais.

Ce fut à l'occasion de ce voyage à la Terre-Sainte que Jourdain du Pin quitta ses armes pour prendre « d'argent à trois bourdons, de gueules, mis en pal, et pommetés de même. » Armes conservées depuis lors, jusqu'à nos jours, dans cette famille, avec la devise : Fidem peregrinans testor.

Robert et Henry du Pin vivant en 1213 et 1214, comparaissent, le 1er, en l'échiquier de Rouen, avec une foule de seigneurs normands ; et le 2e dans les devoirs nobles du fief de Beaumont, pour un quart de chevalier.

Au catalogue des seigneurs renommés en Normandie, depuis Guillaume le Conquérant, jusqu'en l'an 1212, sous Philippe Auguste qui confisqua le duché de Normandie, sont inscrits :

Fouques du Pin ;
Gislebert du Pin ;
Oudart du Pin ;
Henry du Pin.
Gauthier du Pin, dont le père avait préféré venir s'établir dans le Bourbonnais, plutôt que de suivre en Angleterre sa famille de Normandie proscrite par la conjuration d'Odoart et le bannissement de Morin, était, en 1250, un des seigneurs recommandables du Bourbonnais, où il possédait les terres d'Aigues-Mortes, la Chalusse, la Collebeyère, Lassalle, Colombier, près St.-Amand et Montraud. Il est cité dans une assise tenue par Thibaud de Neuviz, recevant les plaintes de la comtesse de la Marche, contre plusieurs autres seigneurs et chefs religieux et leur imposant plusieurs condamnations, savoir : celle de monseignor Gauthier Doupin XV, I. 6, et le faucon et le chien et le rez.

Ce Thibaud de Neuvy, dit M. d'Hozier, en la généalogie de Chamborant, était sénéchal du Poictou, es années 1263, 1265.

Jehan du Pin (qualifié miles), chevalier seigneur d'Aigues-Mortes en Bourbonnais, avait épousé Marguerite Guyot ; ils eurent pour enfants :
Peyrot du Pin qui suit :
Eutesse du Pin qui épousa, le 25e dimanche après la Pentecôte de l'an 1329, Olivier d'Aubigné, fils d'Aimery d'Aubigné et de dame Honorine de la Haye.
  1. Peyrot ou PÉROT DU PIN, auteur de la branche de ce nom établie, en Poitou, vers le milieu du 14e siècle, et souche des seigneurs de la Garivère, Guarivère et Guérivière, fief et ville de Courgé, paroisse de Saint-Martin de Vançais, près Lusignan, était fils de Jehan du Pin (miles), chevalier seigneur d'Aigues-Mortes eu Bourbonnais, et de Marguerite Guyot.

    D'après les plus anciens mémoires et vieilles chroniques conservés au château de la Guérivière, près St.-Sauvant et Lusignan ; Pérot du Pin est le premier du nom qui soit venu s'établir en Poitou, vers l'an 1359.

    Il soutint le siège de St.-Junian en Limousin contre les Anglais, l'an 1356, lesquels s'étaient déjà emparés des forteresses de Briantes, du Chassin et du Lys, après la journée de Crécy.

    Il paraît que le roi Jean, déterminé à combattre les Anglais, et ne craignant aucune agression de leur part, dans le Berry et Limousin, emmena avec lui tout ce qu'il put réunir de bandes et que Pérot du Pin le suivit avec toute la noblesse sous les murs de Poitiers, où se donna cette fatale bataille, dans laquelle le roi Jean fut fait prisonnier, et plus de 800 chevaliers et écuyers tués, sans les gens de cheval et de pied qu'on ne connut entre les morts. Peyrot épousa une femme dont le nom ne nous est pas connu, laquelle lui donna les chastellenies de la Garivère et de Courgé appellé Villa, dans les anciens titres, aujourd'hui village considérable, auprès duquel se voient encore les vestiges d'enceinte d'un château fortifié, lequel rebâti un peu plus loin, flanqué de tours, entouré de fossés pleins d'eau avec deux ponts levis, a toujours, depuis lors, été la propriété et la résidence de cette famille jusqu'à nos jours,

    Peyrot du Pin eut deux enfants :
    1. Catelin, qui suit ;
    2. Raoul qui comparut à la monstre de Henry de Tilly avec sept autre écuyers de sa compagnie, desservis et à desservir en ces présentes guerres, ou voyage fait par ledit seigneur roi, en la ville du Mans ou ailleurs, où il lui plaira, sous le gouvernement de M. Jehan le méingre dit Boucicault, maréchal de France, en date du 28 juillet 1292.
  2. Catelin du PIN, écuyer, fils aîné de Peyrot du Pin et de N*** DE LA GARIVÈRE, devint par elle seigneur de ladite terre et fief et ville de Courgé, d'après un aveu rendu à Charles V et à son frère Jean, duc de Bern et comte de Poitou, l'an 1375. Plusieurs autres titres de 1378, 1379, et d'après la montre de Tristan de Rouhaud, vicomte de Thouars, dans la compagnie de M. Gyrard de Maulmont, en qualité d'écuyer, à Poitiers le 16 février 1386 sous les ordres du maréchal de Sancerre. On ignore le nom de sa femme. On sait seulement qu'il fut père de Colin qui suit ; De Pierre et de Jehan 1er.
  3. Colin du PIN, fils aîné de Catelin, écuyer, seigneur de la Garivère et ville de Courgé, épousa le 7 août 1422, par devant Ducat, notaire, Catherine-Brachienne Vasselot, fille de Guillaume de Vasselot, chevalier, seigneur de Danemarie, du Chateigné, de l'Eterpe, Beaulieu, etc., capitaine de quarante hommes d'arquebusiers aux ville et château de Lusignem en 1420, et de dame Marguerite de Rochefort-Dally ;

    Colin du Pin se trouva à l'armée de Guyenne, au siège de Castillon enlevé aux Anglais par le seigneur de Culant, maréchal de France l'an 1453. Il mourut peu de temps après la reddition de la place, de la suite de ses blessures. Pierre et Jehan Ier comparurent :

    Le premier à la montre de Thomas Fortin, écuyer, avec neuf autres écuyers de sa compagnie desservis et à desservir au service du roi notre seigneur et de Monseigneur le duc de Guyenne, en date de l'an 1415 ;

    Le deuxième comparut à la montre d'Antoine de Lapelle, écuyer et dix autres de sa compagnie au service du roi, notre sire et seigneur, sous le gouvernement de messire Tangui du Chastel, le premier mai 1416 ;

    Colin eut de son mariage Mathurin, qui suit.
  4. Mathurin du PIN, fils de Colin et de dame Catherine Brachienne-Vasselot, fut seigneur de la Garivière, Courgé, Dubreuil-Cartais du chef de sa mère, du Vigier et Anières, paroisse de Sainte-Souline. Il épousa demoiselle Jacqueline Pigace (aliâs) Picace, fille de Jacques Pigace, écuyer, seigneur de Nouzières près Ruffec, et de dame de Rechignevoisin, par contrat en date du 7 octobre de l'an 1453, par devant Mars, notaire à Lusignem.

    Différents titres comme

    Contrat de rente noble, perpétuelle,
    Du 15 janvier 1479, signé Blanchard, notaire de l'archiprêtré de Rom,
    Du 15 juin 1484, signé Bertolier, notaire ;
    1485, signé G. Poiguet et Joynau, notaires.

    Contrat d'acquets
    12 mars 1488, signé Alars, notaire à Lusignem ;

    Dénombrement et aveu au roi notre sire à cause de son chastel de Lusignem, de son château noble, terres et seigneurie de Garivière, du 6 mai 1499.

    Hommage à la comtesse d'Angoulême pour son hébergement du Vigier, en daté de l'an 1501.

    Ses enfants furent:
    1. Jean du Pin, qui suit ; Formation de la branche Du Pin de Saint-Barban près Belac.
    2. Pierre écuyer, seigneur d'Anière, comme appert par le dénombrement qu'il en rendit au roi, à cause de son chastel de Civray, après la mort de Mathurin son père, en date du 10 avril de l'an 1505 ; il épousa noble dame Philippe de Lavaud Bussières-Boffi, par contrat du 23 mars 1482 passé pardevant Trichard et Charles Prosat, notaires à Montmorillon. Il est la souche de la branche cadette des du Pin de Saint-Barban. Par ce mariage il fut seigneur de Lavaud et Bussières-Boffi, et a continué cette branche jusqu'à nos jours qu'elle existe, possédant la terre de Saint-Barban près Belac en Basse-Marche, terre que le fils du susdit Pierre du Pin a eue en mariage en 1514 avec damoiselle-Françoise de Guyot-d'Asnieres.
    3. Michelle du Pin ; Comme appert par une donation mutuelle avec son frère aîné tant qu'ils ne se marieront pas, en date du 7 mars 1481, signé à Pineau notaire à Lusignem avec paraphe.
  5. Jehan DU PIN Ier, fils aîné de Mathurin et de dame Jacqueline Pigace, écuyer, fut seigneur Dubreuil-Cartais et fief de Courgé que lui abandonna son père, par son contrat de mariage avec demoiselle Catherine de Saint-Martin, fille de Jehan de Saint-Martin des seigneurs de Bagnac et de Sarzay dont était Pierre de Saint-Martin, sénéchal de la Basse-Marche, et l'un des cent Gentilshommes de la maison du roi en 1541, par contrat passé à Champagné Saint-Hilaire le 9 décembre 1482. A la mort de Mathurin son père, en 1503, Jehan du Pin devint seigneur de la Garivière. Ses enfants furent :
    1. Etienne du Pin, mort en 1559 sans enfants de son mariage avec damoiselle Jacquette Boylesve qu'il avait épousée le 19 novembre 1531 ; Jehan du Pin deuxième, son frère, continua la lignée ;
    2. Jehan deuxième, qui continuera la lignée ;
    3. Perrette du Pin, mariée à messire Jacques Brun, écuyer, seigneur de la Foret-Meriget, paroisse de Chaunay selon son contrat de mariage passé à Civray le 24 décembre 1533 ;
    4. Hugues, l'un des gentilshommes de la compagnie du seigneur de la Roche du Maine, tué au siège de Pavie l'an 1524 ;
    5. Charlotte du Pin, mariée à noble Jean de Couhé, écuyer, seigneur de l'Estang, d'après un adveu et dénombrement que ladite Charlotte veuve rendit à noble Louis Bonin, chevalier, seigneur de Messignac, Marsay, etc., en date de l'an 1504, signé de Mi, et par son testament de l'an 1507, signé Vignon et G. Villefaug. (voir le commentaire au bas de cet article indiquant que Charlotte serait plutôt la fille de Mathurin que de Jean).
  6. Jehan DU PIN, IIe du nom, second fils de Jehan Ier et de Catherine de St.-Martin, fut, seigneur d'Asnières, de Courgé et Dubreuil-Cartais, après la mort de son frère aîné Estienne, décédé sans enfants, lequel aliéna en 1556 la terre de la Garivière à messire Georges de Boylesvé son beau-frère ; il épousa le 25 janvier 1529 ; damoiselle Marguerite Levesque, fille de Hugues Levesque ; écuyer, seigneur de la Courmorant et de Boisgrolier et de dame Perrine de Rechignevoisin. Il a été produit :
    1. Dénombrement à très-haute et excellente princesse MADAME mère du roi François Ier, duchesse d'Angoulême et d'Anjou, comtesse de Civray à cause, de son chastel de Civray, de la maison noble d'Asnières tenu à foi et hommage plein, etc., en date du 22 juillet 1531, signé Rivois, notaire de la princesse ;
    2. Transaction noble entre frère et sœur, du 22 juillet 1531 ;
    3. Quittance de retour de partage noble entre les mêmes, du 2 novembre 1532 ;
    4. Certificat de comparution, au ban de la noblesse par Antoine Després de Montpezat, capitaine du château de Poitiers, donné à Poitiers le 26 juin 1533 ;
    5. Autre certificat du même messire Antoine Després, chevalier de l'ordre du roi, maréchal de France, sénéchal du Poitou et gouverneur de Châtellerault sous les ordres de messire de Lorges, capitaine général de tout le ban et arrière-ban du royaume, du 30 mars 1544.

    Ses enfants furent:
    1. François du Pin Ier, dont l'article suit ;
    2. François II ;
    3. Estienne II connu seulement par une transaction en parchemin passée le 15 octobre 1559 entre ces trois frères et damoiselle Jacquette de Boylesve, leur tante ; femme et veuve de noble Etienne du Pin Iet ci-dessus ; mort sans enfants.
  7. François DU PIN Ier, fils aîné de Jehan II et de dame Marguerite Levesque ou l'Avesque, fut seigneur de Courgé, Asnières, les Boissonnières, etc. ; il épousa le 6 avril 1551, par contrat passé devant Foucaud et Despinchard, notaires à Celles-Levescaut, damoiselle Louise de Boylesve (nièce de Jacquette ci-devant), fille de messire Antoine de Boylesve, chevalier, seigneur de Forson, et de dame Louise de Goulard, fille elle-même de haut et puissant Anne de Goulard, chevalier, seigneur de Beauvois, de Boispouvreau, etc., gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Il a été produit :
    1. Acte de présentation de dénombrement en parchemin au roi, notre sire et seigneur, à cause de son château de Civray, pour raison de la seigneurie d'Asnières, du 3 mai 1552, signas Pontenier et Vincent, notaires à Civray ;
    2. Autre foi et hommage en parchemin rendu au roi, notre sire, pour le fief de Courgé, mouvant de Sa Majesté, à cause de son château de Lusignan: Du 16 juin 1561, signé Hubert ;
    3. Autre dénombrement et hommage rendu à messire François du Pin, écuyer, seigneur d'Asnières et Courgé, par le vénérable chapitre de Menigoute, à cause de son fief de Courgé de l'an 1570 ;
    4. Attestation de service militaire dans l'arme de Poitou où il passa la revue en armes au camp devant Lusignan, le 16 octobre 1574 ;
    5. Partage noble du 10 février 1579 ;
    6. Sentence de maintenue de noblesse par Claude Malon, écuyer, seigneur de Bercy, Conflans, etc., greffier criminel au parlement de Paris et préposé par Sa Majesté pour la recherche des usurpateurs de la noblesse en la généralité du Poitou en faveur de noble François du Pin, écuyer, seigneur de Courgé, Asnières, les Boissonnières, etc. De l'an 1584.

    François du Pin mourut en 1585.

    Ses enfants furent :
    1. Guichard du Pin qui suit ;
    2. Antoine, dont l'article vient après celui de son frère, et qui continua la lignée ;
    3. François, écuyer, seigneur d'Asnières et des Boissonnières, mort en 1595, gentilhomme servant le roi de Navarre depuis Henri IV, et attaché à sa maison comme appert par son contrat de mariage en date du 15 avril 1575, signé J. Pineau et J. Gueny, notaires à Civray, avec damoiselle Anne Blanchard ; fille de messire N. Blanchard, écuyer, seigneur du Boust, et par la lettre de Henry-V le-Grand, à Duplessis-Mornay, dont voici la teneur.

      Lettre du roy Henry IV à Duplessis-Mornay.

      Monsieur Duplessis je vous fay ce mot à ce que vous ne faysiez acune dyfyculté de vyser le brevet que j'ai fet expédyer à Vycose de l'état et de la pansyon que feu du Pyn avoyt en ma meson de Navare, ses servyces et sa fiydélyté mérytent myeux que cela, aynsi il ce peut asseurer que ce nes quen attandant. Vous savez que je layme et quen ai sujet, ces pourquoy je ne vous en dyray davantage. Adieu M. Duplessys.

      Le 30 juin, à Dreux, 1596. Signé HENRY.

      Il était secrétaire des commandements d'Henri, roi de Navarre.
    4. Louis du Pin, tué au service du roi, et qui a laissé de monseigneur le prince de Montbazon un certificat de service dans une compagnie de cent gentilshommes d'armes. Donné au camp devant Moulins le 16 octobre 1587, signé le prince de Montbazon pour le roi Henry.
  8. Guichard du PIN, fils ainé de François du Pin et de dame Louise de Boylesve, écuyer, fut seigneur de Courgé et de Luché et de Prin, du chef de damoiselle Jeanne d'Orfeuille qu'il épousa le 30 août 1573, par contrat en parchemin passé pardevant Billard, notaire à Ste-Souline, fille de Messire Louis d'Orfeuille, écuyer, seigneur de Luché, de Prin et de Longes, etc. Il fut maintenu dans sa noblesse sur la présentation de ses titres, conjointement avec son frère Antoine, pardevant les sieurs Jean Lejeay, conseiller du roi, maître des requêtes de son hôtel, Gauthier de Ste.-Marthe, trésorier de France et général des finances en la généralité de Poitiers, et Philippe de Herré, conseiller du roi et son général en la cour, des aides, commissaires départis pour la vérification des usurpateurs de la noblesse, en date du 26 novembre 1588, signé les trois commissaires et par ordonnance de SELLES. Ce Guichard du Pin n'ayant point eu d'enfants, son frère Antoine seul continue la lignée masculine.
  9. Antoine DU PIN V (frère puîné de Guichard, ci-devant mort sans enfants) et deuxième fils de François du Pin, écuyer, seigneur de Courgé, Asnières et les Boissonnières, et de damoiselle Louise de Boylesve, rentra dans sa seigneurie de la Guarivière, terre que lui avait donnée Georges de Boylesve, oncle de sa mère Louise de Boylesve, après la mort de ses père et mère à qui l'usufruit était réservé il épousa le 3 juin 1584 ; contrat passé par-devant P. Berland et J. Villeneufve, notaires à Champagné-St.-Hilaire, damoiselle Jeanne du Val, fille de feu messire François du Val, écuyer, seigneur de Grandchamps et de Montbeton, gentilhomme ordinaire de la chambre de monseigneur François, duc d'Alençon, d'Anjou et de Brabant, frère unique du roi Henri III, et de damoiselle Jeanne des Ages, des seigneurs de Maulmont-et de Bagnac en Berry. Jugement rendu contre noble Antoine du Pin, par les sénéchaux de Poitou, pour fournir dans deux mois les aveux et dénombrement au roi pour la seigneurie et château de la Guarivière et fief de Courgé. Du 19 mai 1598.
    Ses enfants furent ;
    1. Gabriel du Pin, dont l'article suit ;
    2. Renée, mariée en 1614 à messire Gaspard Sabouraud, écuyer seigneur de Lage-Pariole près. St. Savin en Poitou ;
    3. Jacqueline, mariée en 1610 à messire Baptiste d'Arcemale, écuyer, seigneur Dubreuil-Langon, paroisse de S.-Pierre de Langon en bas Poitou ;
    4. Catherine, mariée en 1611, à messire N. Delalande, écuyer, seigneur de l'Agé-Cautand, paroisse de Mauprevoir en Poitou.
  10. Gabriel Du Pin, fils aîné de noble Antoine du Pin, écuyer, et de demoiselle Jeanne du Val, fut seigneur de la Guérivière, fief et ville de Courgé, Asnières, Grandchamp, etc. ; il épousa le 16 juin 1617 par contrat passé par devant J. d'Appelvoisin, notaire royal à Lusignan, demoiselle Louise de Maunoury, fille de feu messire Philippe de Maunoury, chevalier, seigneur du Murault, paroisse d'Enjambes, près Lusignan, de la Plaigne, paroisse de Vasle et de Boisgrollier, paroisse de Rouillé, et de dame Adrienne Claveusrier de la Rousselière.

    Au milieu des troubles qui éclatèrent à la majorité de Louis XIII, réuni à la noblesse du Poitou restée fidèle à la couronne contre le parti des mécontents sous le prince de Condé, il se retira à Poitiers en 1614. Il était en 1615 et 1616 dans l'armée du roi commandée par le duc de Guise qui de Bordeaux conduisit à Poitiers le roi et Anne d'Autriche, sa nouvelle épouse, lesquels y restèrent jusqu'après les conférences tenues à Loudun et la paix signée entre les deux partis. Il reçut dénombrement et hommage du vénérable chapitre de Menigoute à cause de son château de la Guérivière, le 22 mai 1620.

    Dénombrement au roi pour la seigneurie de la Guérivière, fief de Courgé, tenus à foi et hommage-lige de Sa Majesté à cause de son château de Lusignan, le 18 août 1626, signé F. Biget et G. Garnier, notaires de la cour de Brejeuil.

    Sentence de maintenue du 28 juin 1634, signé Doriou, greffier.

    Congé du comte de Parabère, chevalier des ordres du roi, lieutenant-général pour Sa Majesté du haut et bas Poitou, permettant au sieur de la Guérivière, malade au logement de Covanton près Châlons, de se retirer en mettant en sa place et sous le bon plaisir du roi pour le servir dans le ban et l'arrière-ban de ladite province, Louis de Goret, écuyer, seigneur de la Brosse. Du 11 septembre 1635.

    Ses enfants furent:
    1. René du Pin, mort sans se marier en 1643, et qui est cité dans un acte de partage de son frère avec ses sœurs ;
    2. François qui a continué la lignée ;
    3. Marguerite mariée à messire Jacques Beslivier, écuyer, seigneur de Fontmorte, de Prin, etc., du 4 août 1645 ;
    4. Jacqueline mariée en 1647 à messire Pierre de Beauregard, chevalier, seigneur de Channoir ;
    5. Catherine mariée en 1650 à messire Gabriel de Réchignevoisin, chevalier, seigneur de Guron, de Pairé et de Gurat, près Sauzé en Poitou, capitaine au régiment royal artillerie.
  11. François DU PIN II, fils de défunt messire Gabriel, chevalier, seigneur de la Guérivière, de Courgé, Grandchamp et autres lieux, et de dame Louise de Maunoury, fut après la mort de son père et de son frère aîné René, mort sans se marier, seigneur des mêmes lieux et de la Bretonnière ; il épousa le 5 janvier 1652, par contrat passé pardevant Gaultier et Roy, notaires de la cour de Parthenay, demoiselle Isabeau de la Court, fille de messire Michel de la Court, chevalier, seigneur de la Bretonnière, de la Chaignelière et du fief du petit Vernay, et de dame Louise de Coustière. Entré en 1636 au régiment de la marine infanterie, commandé par M. le marquis d'Aubigné, il fut blessé le 15 juillet de la même année au passage de l'armée espagnole sur la rivière de Serre, près le village du Sart en Artois.

    Détaché pour une reconnaissance avec cinquante hommes de son corps qui faisait partie de l'armé de Picardie sous les ordres du duc de Chaumes, il fut entouré par un gros d'Espagnols en embuscade, sur lesquels s'étant précipité comme s'il les surprenait lui-même, et appelant à son secours comme s'il était suivi d'un autre corps, il porta une telle épouvante que l'ennemi s'enfuit et le laissa maître du village où il fut grièvement blessé au haut du bras gauche avec douze de ses gens. Cependant il rejoignit son régiment et rendit compte de sa rencontre à M. de Rambures et au duc de Chaulnes qui l'en louèrent extrêmement. L'année suivante il faisait partie du corps d'armée qui investit la Capelle. En 1638 il se trouva au siège du Catelet, que prit M. du Hallier ; servit, aux années 1639, 1640, 1643 ; aux armées sous Guise et la Capelle.

    Sentence de maintenue de noblesse par messire Jacques-Honoré Barentin, intendant de la généralité de Poitiers, énonçant que les armes de la maison du Pin sont d'argent, à trois bourdons de gueules, pommetés de même et mis en pal, du 10 décembre 1667.

    Dénombrement au roi à cause de son château de Lusignan, des seigneuries et château de la Guérivière et Courgé, tenu de Sa Majesté à hommage-lige à 60 sous de devoir, etc., du 17 juin 1669.

    A la suite dudit dénombrement est réception d'icelui au bureau des finances de la généralité de Poitiers du 7 août 1669.

    Ses enfants furent :
    1. René du Pin, qui suit ;
    2. Pierre, surnommé le chevalier de Soussigny, tué le 11 août de l'an 1674, à la bataille de Senef près de Nivelle en Flandres, étant porte-enseigne à l'âge de 18 ans, au régiment de Navarre, infanterie ;
    3. Henri, mort le 28 janvier 1694, à Charleroi, des suites de plusieurs graves blessures reçues à la bataille de Nerwinde le 29 juillet 1693, servant comme capitaine dans le régiment de Grammont, dragons ;
    4. Marguerite, mariée à messire Pierre-Simon, écuyer, seigneur de la Brosse, comme appert par son contrat de mariage du 14 avril 1693, par-devant Ribaud et Peronet, notaires à Poitiers.
  12. René du PIN, fils aîné de feu messire François du Pin, chevalier, seigneur de la Guérivière, Courgé, la Bretonnière, etc., et de dame Isabeau de la Court, épousa, par contrat passé à Poitiers le 16 mars 1689, pardevant Cailler et Béguier, notaires royaux, demoiselle Marie Texier, fille de Louis Texier ; seigneur de la Font, de Russay et de Lirec, et de défunte dame Marie Gobeil.

    René du Pin entra en 1670 au régiment de Bourgogne commandé par M. le comte de Chamilly. Il se trouva aux sièges de Burick, de Wesel et de Zwol.

    Certificat de M. le maréchal d'Estrées, commandant pour Sa Majesté ès provinces de Poitou et d'Aunis, au sieur de la Guérivière, prouvant qu'il servait en 1693 dans l'escadron des gentilshommes du Poitou, du ban et arrière-ban de la province, du 7 juillet 1693.

    Sentence de maintenue de noblesse de Charles-Bonaventure Quentin, chevalier, seigneur de Richebourg, intendant de la généralité de Poitiers, sur la présentation de ses titres en date du 28 avril 1715.

    Il eut :
    René-Louis du Pin, qui suit.
  13. René-Louis du PIN, fils unique et majeur de messire René, chevalier, seigneur de la Guérivière, Courgé, la Bretonnière, etc., capitaine au régiment de Bourgogne, et de feue Marie Texier de la Font, entra lieutenant au régiment de Laval, infanterie, par commission du 10 septembre 1709, contresigné Voisin. Il se trouva à la reprise du château d'Arleux sur les alliés, le 23 ou 25 juillet 1711, sous les ordres du maréchal de Montesquiou ; fut commissionné capitaine dans le même régiment le 5 janvier 1713, contresigné Voisin.

    Il se trouva, après la prise de Landau par le maréchal de Bezons le 20 août 1713, au passage du Rhin, à la défaite du général Vaubonne le 20 septembre, lequel couvrait Fribourg ; au siège de Fribourg, si long et si meurtrier, à la tête des grenadiers il marcha à la fameuse attaque de la Lunette, où il fut légèrement blessé à l'épaule, de la même balle qui perça la mâchoire du comte de Laval, son colonel, sous les ordres du maréchal de Villars.

    Messire René-Louis du Pin quitta le service du roi en 1715, un an après la paix de Rastadt, signée le 6 mars 1714.

    Par contrat de mariage du 27 février 1718, passé par-devant J. Sureau et Drouineau, notaires royaux à Civray, messire René-Louis du Pin épousa demoiselle Catherine-Elisabeth des Gittons, qui lui apporta les terres et seigneuries du Plessis et Grand-Cerzé, fille de messire Gabriel des Gittons, chevalier, seigneur de Cerzé, de la Baronnière, paroisse de Saint-Martin de Vançais, et du Plessis, paroisse de Caunay, et de feue dame Elisabeth de Fleury, fille de haut et puissant messire François de Fleury, chevalier, seigneur, châtelain du Vert, et de haute et puissante dame Gabrielle Maron de la Bonardelière près Civray en Poitou.

    Dénombrement au roi, du 24 décembre 1740, pour ses fiefs de la Guérivière et de Courgé, château et dépendance tenus à hommage-lige à 60 sols de devoir, envers le seigneur roi, à cause de son château de Lusignan, en conformité des mêmes dénombrements rendus par ses aïeux ; par messire François II du Pin, son aïeul, le 17 juin 1669 ; par Gabriel, son bisaïeul, le 28 aout 1626 ; par Antoine, son trisaïeul, le 19 mai 1598 ; par François Ier, son quart aïeul, le 6 juin 1561 ; par Jehan II, son quintaïeul, le 22 juillet 1531 ; par Estienne (mort sans enfants), le 10 avril 1539 ; par Mathurin, son septième aïeul, le 6 mai 1499 ; par Colin, son huitième aïeul, du 5 mai 1433 et du 17 août 1443 ; par Catelin, son neuvième aïeul, en 1375.

    Ses enfants furent :
    1. Pierre-Louis, dont l'article suit ;
    2. Jean-Robert, prêtre, seigneur de la Jarge, Maraisseau, Petitbouin et Anfrenet, titulaire de la chapelle des Balsans de Juspatrônat, paroisse de Chenay, et à la nomination des seigneurs de la Guérivière ;
    3. Catherine-Madeleine, morte sans être mariée ;
    4. Elisabeth, mariée à messire Jérôme Maisonneuve, écuyer, seigneur de Venours, paroisse de Rouillé, capitaine au régiment de la Reine, cavalerie, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis ;
    5. Marie, religieuse hospitalière à Poitiers ;
    6. Marie-Françoise, religieuse à l'abbaye royale de Sainte-Croix à Poitiers ;
    7. Marie-Radegonde, religieuse à l'abbaye royale de Sainte-Croix à Poitiers, et ayant suivi en 1761, Marie de Beaudéan da Parabère, son amie, nommée abbesse de l'abbaye royale de Saintes.
  14. Pierre-Louis du PIN, fils ainé de messire René-Louis du Pin, chevalier, seigneur de la Guérivière, Courgé, le Plessis, Grand-Cerzé, etc., et de feue dame Catherine-Elisabeth des Gittons-Baronière, fut, après la mort de son père, seigneur des mêmes lieux.

    Par contrat de mariage passé devant Mérigot et Montaubin, notaires royaux à Châtellerault, en date du 18 février 1759, il épousa demoiselle Marie-Anne Couraud, fille aînée et mineure de messire François-Gabriel-César Couraud, cadet de la maison de la Roche-Chevreux près le Blanc, en Berry, chevalier, seigneur de Salvert, Montcouart, les Bordes, Pineau près Châtellerault, et le fief de Dresge, et de dame Françoise-Marguerite de Douat, fille de feu messire Augustin Douat, chevalier, seigneur de Jeuet de dame Suzanne le Cocq de Saint-Vertunien.

    Messire Pierre-Louis du Pin de la Guérivière entra cornette au régiment de Penthièvre, cavalerie, commandé par M. le comte de Castellane par commission en date du 26 février 1748, contresignée de Voyer d'Argenson.

    Il fut fait lieutenant en commençant la campagne de 1756 sur le Mein avec son régiment commandé par M. le comte de Saluces, dans l'armée de M. le prince de Soubise ; il se trouva à l'affaire de Rosback en 1757 ; il fut commissionné capitaine, le 22 décembre 1757, signé Louis, contresigné de Voyer d'Argenson.

    Deux dénombrements au roi le premier, à cause de son château de Lusignan, pour son château noble de la Guérivière et fief de Courge, consistant en cens, rentes, dîmes, terrages, moyenne et basse juridiction, aveux et hommages particuliers rendus à ladite seigneurie tenue de Sa Majesté, à hommage-lige à 60 sols de devoir envers le seigneur roi, en date de l'an 1755 ; le deuxième, à cause de son château de Civray, pour la seigneurie du Plessis et Grand-Cerzé, tenue de Sa Majesté, à hommage-lige au devoir de 25 sols à muance de seigneur et d'homme, du 15 mai 1755.

    Certificat du ban de la noblesse du haut Poitou, assemblée à Saint-Jean d'Angély, délivré par M. de Chasteigner, de l'an 1759. Il mourut à Poitiers en 1777, laissant ses enfants sous la tutelle de leur mère.

    Ses enfants furent:
    1. François-Louis-Gabriel du Pin, né le 10 mai 1760, élevé au collège militaire de Pont-Levoy, dont l'article suit ;
    2. Jean-François du Pin, né le 24 mars 1761 ; lequel s'étant marié a formé une seconde branche, dont il sera question après l'article de la branche aînée ;
    3. Pierre-Louis du Pin, surnommé le chevalier de Courgé, né le 15 décembre 1763, élevé au collège de Magnac, fut reçu au rang des chevaliers de justice de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem au grand prieuré d'Aquitaine, à Poitiers ; le 3 février 1776, à l'âge de douze ans, en qualité de page de son altesse éminentissime monseigneur le grand-maître de Malte. Au sortir des pages, il entra au service de l'ordre sur ses vaisseaux, où il obtint les gardes successifs d'enseigne ; de lieutenant et de capitaine des vaisseaux de la Religion ; il se trouva au bombardement d'Alger en 1785, sur le Saint-Zacharie. Il fit ses vœux en 1791, officier autant distingué de son ordre que du grand-maitre ; il fut le premier chevalier choisi pour faire armer les côtés de l'île, lorsque l'ordre crut devoir se mettre en mesure de défense en 1793, et fut nommé commandant au port de Saint-Paul. A la prise de Malte, au mois de juin 1798, il était à la défense du bastion de France. Après sa reddition, il fut du nombre des chevaliers qui, en vertu de leur résidence à Malte, antérieurement à la révolution, eurent, au terme quatre de la capitulation, la permission de rentrer en France, mais ce ne fut qu'à Antibes seul point où il leur fut enjoint de se réunir par ordre du Directoire qui ne voulut pas ratifier la capitulation du général en chef Buonaparte. Trainés de là au château de Perpignan, ils n'eurent la liberté de rentrer dans le sein de leurs familles désolées qu'au 18 brumaire, époque où le général en chef, Buonaparte se fit premier consul ; il est mort à Poitiers en 1806 ;
    4. Marie-Françoise-Radegonde-Rosalie, née le, 13 février 1762, mariée le 10 février 1809, à messire Joseph Texier, chevalier, vicomte d'Hautefeuille, né le 17 mars 1738, reçu chevalier de Malte, ayant d'abord servi-dans la marine qu'il a quittée en 1772, par raison de santé, étant lieutenant de vaisseau ; entré lieutenant-colonel dans le régiment de Normandie, commandé par M. le marquis d'Hautefeuille, son frère, reçu chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1774, breveté colonel un an après, nommé colonel en second du même régiment en 1781, nommé colonel-commandant du régiment de l'île de France, infanterie, maréchal de camp en 1788, inspecteur en 1790, demeurant au château de Rouhet, près Châtellerault ;
    5. Magdeleine-Julie, surnommée mademoiselle de Courgé, née au château, de Guérivière, comme ses frères et sœurs, en 1765, entra à seize ans à l'abbaye royale de Fontevrault, dont Marie Couraud de Salvert, sœur de sa mère, était sous-prieure ; elle y est restée, sans-y faire ses vœux, jusqu'à la dissolution de tous les couvents, époque où elle est rentrée près de sa mère à Poitiers ; et où elle est morte le 10 janvier en 1799.
  15. François-Louis-Gabriel DU PIN, né le 10 mai 1760, au château de la Guérivière, fut élevé à l'école militaire de Pont-Levoy, d'où il sortit, en 1775, pour entrer cadet-gentilhomme dans le régiment de Foix, infanterie, dont était colonel M. le comte Poulte de Nieuil, cousin de sa mère. Il y fut successivement sous-lieutenant et lieutenant. Dans la guerre de 1778, il fut détaché de Béziers avec un détachement de trois cents hommes, commandés par M. Demontal, pour venir s'embarquer à Brest ; à la paix, en 1783, il rejoignit avec sa troupe son régiment à Phalsbourg et de là à Strasbourg.

    Le 17 août 1787, messire François-Louis-Gabriel du Pin, déjà par son émancipation de 1782, chevalier, seigneur de la Guérivière, Courgé, etc., épousa mademoiselle Marie-Louise de Coud de Lusignan, fille unique de messire René-Vincent de Coud de Lusignan, chevalier, seigneur de Foix, près Maillé-les-Berthonières, etc., ancien capitaine au régiment royal, infanterie, et de dame Marie-Constance du Cher, née le 26 juillet 1722, fille de messire Amable du Cher, chevalier, seigneur de Foix, servant au régiment de Vermandois, et de dame Marie-Madeleine d'Arnac.

    A l'époque de la révolution, le sieur de la Guérivière, fidèle à son roi, n'écouta que son dévouement et sacrifia tout pour se joindre aux défenseurs de sa cause ; il quitta la France, et se rendit au mois de septembre 1791 à Binch, où se formait la coalition du Poitou. Admis dans l'escadron noble commandé par M. le chevalier Dechouppes, compagnie de M. de Breuillac, après quelques mois de cantonment à Trêves et à Castelane, au duché de Deux-Ponts, il se réunit avec son escadron au corps d'armée, commandé par les princes français, M. le vicomte de Chasteigner, maréchal-de-camp commandant l'escadron, sous les ordres de M. le maréchal de Broglie. Après avoir fait toutes les campagnes de ce corps d'armée, et lors de la retraite de Champagne et le licenciement, il se retira à Mastrick, où il est resté faisant le service dans la place pendant le bombardement jusqu'au dernier jour en 1793.

    Il parvint à se retirer à Saint-Tron, d'où, au mois de mai 1794, il prit le parti d'aller rejoindre ses deux frères à Malte, l'un colonel en second des chasseurs, l'autre capitaine en second des vaisseaux de la Religion ; il y arriva par Trieste, à la fin de juillet, et le grand-maître Rohan lui accorda la croix et le brevet de major à la suite du régiment de chasseurs de son frère.

    Le 11 juin 1798, époque de la prise de Malte, n'y ayant point une résidence antérieure à la révolution et ne pouvant par conséquent pas rentrer en France, il obtint du général en chef Bonaparte, un passeport pour Livourne, où il se rendit avec beaucoup d'autres chevaliers émigrés comme lui. Laissant à Malte ses deux frères, dont les droits à plus d'indulgence, reposaient sur l'article quatre de la capitulation, qui les déclarait non émigrés.

    Au mois de juin 1800, forcé par une position désolante de tâcher de rentrer en France, il s'embarqua lui dixième sur un pinque génois ; un forban les rencontre sur la côte de France, les dépouille et les maltraite horriblement ; cependant il daigna condescendre à leurs prières, et il les débarqua de nuit sur la pointe d'un rocher, dans la commune de Saint-Rafféau ou Raffael, près Fréjus, où la pitié publique les accueillit et les secourut de tout. Après sa quarantaine à Cassis, et par permission du ministre de la police, il se retira dans sa commune de Maillé, sous la surveillance et responsabilité de la municipalité ; rendu par la providence à sa famille désolée, à sa femme, à ses enfants au désespoir, il y trouva pour prix de son dévouement et de sa fidélité à son roi, toute sa fortune particulière anéantie, tous ses biens vendus. Ainsi a fini pour cette maison la possession de la terre de la Guérivière, conservée depuis plus de quatre cents ans, et plusieurs autres depuis moins de temps.

    Ses enfants sont:,
    1. René-Louis Frédéric, né le 22 juillet 1788, adjoint aux commissaires des guerres ;
    2. Jean-Adolphe, né le 22 août 1789, élevé à l'école militaire de Saint-Cyr, placé sous-lieutenant dans le trente-sixième régiment de ligne qu'il a rejoint en Espagne, et où il a été fait prisonnier à la retraite de Madrid et conduit en Angleterre, où il est depuis deux ans prisonnier à Bishops-Castle-Salop au pays de Galles, près de Montgomery ;
    3. Alphonse-François-Gilbert, né le 6 février 1802 ;
    4. René-Louis, né le 6 septembre 1805.
Branche cadette, prise au treizième degré.
  1. Jean-François du PIN, dit le chevalier de la Guérivière, né le 24 mars 1761, au château de la Guérivière, second fils de messire Pierre-Louis du Pin, chevalier, seigneur de la Guérivière, Courgé, le-Plessis, Grand-Cerzé, et de dame Marie-Anne Couraud de Salvert, passa sur les preuves faites au grand prieuré d'Aquitaine, le 12 novembre 1775, de son frère (ci-dessus) Pierre-René, et fut reçu-chevalier de justice de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, le 9 mai 1777.

    Il entra de suite aspirant garde de la marine à Rochefort, fut fait garde de la marine le 7 novembre 1778, et partit pour Brest, où il s'embarqua pour Boston, à la Nouvelle Angleterre où il a fait une partie de cette guerre ;

    Fut fait enseigne de vaisseau le 9 mai 1781. En 1785, d'après un congé de la cour ; il passa à Malte pour y faire ses caravanes, et rentra en France continuer son service.

    Le 1er mai 1786, il fut fait lieutenant de vaisseau.
    Le 20 décembre 1788, il retourna à Malte.
    Le 20 mars 1789, fut nommé aide-major des gardes du grand-maître Rohan.
    Le 25 juin 1790, il fit ses vœux entre les mains de M. le commandant de Rechignevoisin de Guron, son parent et commandant ladite compagnie des gardes.
    Le 1er février 1792, par brevet signé Rohan, il fut nommé lieutenant-colonel des chasseurs de l'ordre.
    Lé 20 février 1793, lorsque l'ordre alarmé des projets, menaces et armements de la France république, et menacé de voir son existence politique compromise, arma ses côtes et ses forts et ses tours, le chevalier de la Guérivière fut nommé, comme son frère, pour commander au port, rade et fort, de Marsascirrocco, appelé depuis fort Rohan il y établit un système de service régulier de signaux et de communication avec la cité Valette ; des chevaliers de toutes, les langues firent tour à tour, sous ses ordres, un service de quinze et de huit jours dans chacune des tours ou petits forts dépendants du fort Rohan, avec des détachements de canonniers, matelots ou soldats des vaisseaux.

    Le 10 mars 1793, il fut nommé colonel du même régiment des chasseurs sous le commandeur baron de Neveu de la langue d'Allemagne, grand fauconnier et inspecteur. Jusqu'au moment de l'invasion des Français, sous les ordres du général en chef Buonaparte, les 9, 10 et 11 juin 1798, le chevalier de la Guérivière ne cessa de commander au fort Rohan, et toutes les batteries de l'est de la côte depuis le fort Ricasoli. A cette époque, les Français informés que ce poste de Marsascirrocco était mieux armé que beaucoup d'autres ; que le fort Rohan avait des fourneaux à réverbère et des grils pour tirer à boulets rouges, d'après plusieurs essais et exercices qu'on y avait faits, ne risquèrent point d'y faire entrer aucun bâtiment de guerre ; ils débarquèrent sur les points intermédiaires, entre la tour Saint Thomas et Marsascirocco, et mirent à terre sans difficulté, prenant par là à revers toutes les petites batteries qui ne défendaient que la rade, et dans lesquelles il n'y avait point, de chevaliers.

    Le 10, huit heures du soir, le fort Rohan fut investi, hors de la portée du Canon ; toutes les batteries de la rade abandonnées par les Maltais, sans enclouer les pièces, quoique cela eût été ordonné, furent dirigées contre lui et ne cessèrent de tirer ; le fort Rohan dans lequel étaient renfermés avec le chevalier de la Guérivière, huit autres chevaliers, eut à riposter à ce feu croisé, et à se défendre contre l'approche des troupes qui, par un coup de main, eussent pu enlever sa batterie basse qui consistait en neuf canons de dix-huit ne battant que la rade ; à dix heures, vu l'extrême facilité de se jeter dans le petit fossé qui couronnait cette batterie et de l'enlever l'épée à la main, vu surtout son inutilité, puisqu'elle ne pouvait tirer que sur la rade sur laquelle il n'y avait rien, et voulant concentrer son monde sur le haut de la tour, sur laquelle étaient neuf canons de huit, et d'où on dominait, et la rade et la plaine, le chevalier de la Guérivière, fit enclouer cette batterie basse, et se retira avec tout son monde sur la plate-forme de la tour. Un feu bien nourri sur les batteries prises de la rade et sur les troupes en face qui étaient formées dans la plaine, maintint les distances respectives, et faisant juger ce poste plus fort et plus essentiel qu'il ne l'était, il décida le commandant des troupes françaises à le faire sommer de se rendre. A minuit, un officier se présente en parlementaire à la tête des premiers petits retranchements, il est reçu, mais prié de se retirer de suite ; à deux heures il revient, et annonce avoir à offrir au commandant une capitulation honorable, vu, dit-il, qu'une plus longue résistance serait inutile, et ne servirait qu'à rendre le sort des vaincus plus fâcheux.

    Depuis deux jours le fort Rohan n'avait pu tirer de la Valette les vivres qu'on envoyait tous les jours ; il n'y en avait par conséquent plus ; en vain le chevalier de la Guérivière avait demandé plusieurs fois qu'on approvisionnât son fort d'une réserve de biscuit restant au retour des campagnes des vaisseaux et des galères ; jamais il ne put rien obtenir : chaque jour amenait sa distribution.

    Dans cet état de choses, et prévoyant que, du moment qu'il ferait jour ce poste, qui avait pu en imposer la nuit, ne paraîtrait plus digne d'aucun égard, et qu'il serait enlevé de vive force, le chevalier de la Guérivière, de l'avis des chevaliers qui étaient avec lui, dut consentir à écouter les propositions que lui apportait au nom du général Desaix, M. le, capitaine du génie Garbé, de sorte qu'il y eut un échange de signatures pour la capitulation, au nombre des conditions de laquelle la troupe française se présenterait, à quatre heures du matin, et l'officier recevrait la remise du fort Rohan, ce qui fut exécuté.

    Copie des deux Sommations et de la Capitulation

    PREMIÈRE SOMMATION.

    Le commandant du fort de Marsascirrocco est sommé de la part du général français de remettre au soussigné ledit fort ; il est cerné de toutes parts, et une plus longue résistance ne servirait qu'à rendre la condition des défenseurs plus malheureuse. J'engage ma parole d'honneur que tous ceux qui sont dans le château seront libres de se retirer où bon leur semblera, sous la protection de l'armée française, après avoir déposé les armes.
    Sous le château, le 22 prairial an 6
    Le capitaine du génie ; commandant la troupe française
    Signé, GARBÉ.

    DEUXIÈME SOMMATION.

    Je vous envoie, M. le commandant, la rédaction de la capitulation à laquelle, d'après les instructions de mon général, je ne puis changer un mot. C'est à vous de l'accepter pure et simple, ou de vous réduire à une nouvelle défense. Si vous l'acceptez telle qu'elle est ; je vous prie de la signer, de la faire copier ; je signerai le double, que vous garderez en même temps que vous remettrez l'autre. A la pointe du jour, la troupe française se présentera devant le fort, où elle sera introduite ; il sera à propos que votre garnison remette aussitôt ses armes ; je m'y trouverai, et nous conviendrons ensemble des derniers arrangements pour la sûreté de vos personnes et des choses qui vous appartiennent. Vous pouvez compter sur la bonne conduite de la troupe française à votre égard. Quoiqu'il soit question, dans la capitulation, du désarmement de la garnison, cela n'empêche pas que vous ne conserviez votre épée.

    Je vous prie de m'envoyer de suite la çapitulation signée de vous, avec la copie que je signerai pour vous être remise.

    Je suis, avec la plus grande considération,
    Le capitaine du génie, commandant la troupe française.
    Signé, Garbé.

    Capitulation pour le fort Rohan, passée entre le capitaine de génie Garbé, au service de la République française et M. le chevalier de la Guérivière, commandant pour l'ordre de Malte.

    ART. Ier. Le fort Rohan sera remis entre les mains de la troupe française, le 23 prairial (11 juin), à cinq heures du matin, avec toutes les munitions de bouche et de guerre, et généralement tout ce qui servait à sa défense.

    II. La garnison dudit fort déposera les armes, et sera conduite avec sûreté et protection où elle demandera à se retirer ; elle ne pourra emporter avec elle que les objets appartenant individuellement aux personnes qui composent ladite garnison.

    III. S'il se trouve, parmi, les individus de la garnison, des habitants de l'île de Malte qui désirent se retirer paisiblement dans leurs demeures, la permission leur en sera donnée, ainsi qu'un passeport.

    Fait et conclu sous le fort Rohan, le 25 prairial an 6 (11 juin 1798)

    Le capitaine du génie, chargé, par le général, de la capitulation. Signé, Garbé.

    Le colonel des chasseurs, commandant pour l'ordre de St-Jean de Jérusalem, au fort-Rôhan ; port de Marsascirrocco

    Signé, Le chevalier DU PIN DE LA GUÉRIVIÈRE.

    A cinq heures du matin, le 11 juin 1798, un détachement s'étant présenté, le fort lui fut remis, et de suite le chevalier de la Guérivière avec les chevaliers qui étaient avec lui se dirigèrent sur la cité Valette, en passant au Casal Zeitun, quartier général du général Desaix.

    Le général, aux termes de la capitulation, ayant consenti à faire accompagner jusqu'aux portes de la Cotoner, le chef et la petite troupe du fort Rohan, pour les faire respecter, le chevalier de la Guérivière eut la douleur, en arrivant, de voir qu'on démurait la porte de la première enceinte de la Cotoner, et, à quelques minutes de là, il y entra pêle-mêle avec un gros de troupes françaises qui y étaient reçues, d'après la convention que le grand-maître Hompech avait osé signer la nuit.

    Ce fut dès lors, au milieu des flots de Français, vainqueurs sans avoir débarqué une seule pièce de canon, que le chevalier de la Guérivière arriva aux portes de la Valette encombrées de troupes, et de là au palais du grand-maître, qui en était rempli ; il arriva avec beaucoup de peine jusqu'à Son Altesse qu'il trouva seule, en larmes, sur un canapé ; il s'approche d'elle, lui baise la main, et, déposant à ses pieds le pavillon de l'ordre, il lui dit qu'il lui avait été impossible de le défendre plus longtemps, s'étant même refusé de le rendre sur un prétendu ordre de sa part, qu'un officier de, cavalerie lui avait apporté, mais sans être signé d'elle. « Je sais, lui dit le grand-maître, que vous avez fait tout ce que vous avez pu ; il ne dépend plus de moi de le reconnaître, le ciel vient de nous accabler. Ses pleurs étouffant ses paroles, le commandant lui demanda s'il avait quelque ordre à lui donner ; je n'en ai plus le droit, lui dit Hompech, soyez, mon cher chevalier, plus heureux que moi. » Dès lors tout fut consommé et chacun ne songea plus qu'à se soustraire, par la plus prompte sortie de l'île, à la honte et au déshonneur imprimé à cet ordre illustre, par l'impéritie et la lâcheté de son chef, et par l'infamie de la trahison et de la corruption de quelques-uns de ses membres. Quarante-trois jeunes chevaliers, ayant servi à l'armée de Condé, et dès lors sans asile, sans patrie, suivirent Buonaparte en Egypte le plus grand nombre résidant à Malte avant la révolution, put et dut se rendre à Antibes ; quelques-vieillards restèrent, et tous les chevaliers des autres nations rejoignirent leur patrie.
    Le chevalier de la Guérivière quitta Malte un des derniers, vint à Paris, où il se tint caché jusqu'au 18 brumaire, époque où Buonaparte, premier Consul, ratifia sa convention avec l'ordre.

    Cinq ans après, ayant sollicité, près du légat, le cardinal Caprara, la dissolution de ses voeux, l'ambassadeur de France à Rome, M. Cacault, voulut bien se charger de poursuivre cette demande près du Saint-Siège, et le 29 avril 1803, il présenta au cardinal Michael de Petro, la demande du légat, et la supplique motivée ; dont il l'accompagna ; le 30 avril, le cardinal E. Consalvi répondit à l'ambassadeur que sa Sainteté : « Quatunque l'istanza del cavaliere fra Joanni Francesco du Pin de la Guérivière, portasse seco moita difficolta, esigesse una grazia specialissima, cio non ostante, per veramente dismostrare al excellenza vostra il suo particolar riguardo si e indotto il santissimo padre ad accordare, al medesimo l'implorata dispensa, da non addur si in esempio » Ce bref fut adressé au légat Caprara qui le notifia au ministre, des Cultes, Portalis, le 29 juin 1803, en lui adressant un rescrit particulier, signé J. B. cardinal légat ; contresigné Vincentius Ducis, secrétaire, et muni du sceau dudit seigneur légat.

    Le 5 juin 1805, il épousa demoiselle Marie-Claude-Christine de Coucy, née le 11 février 1780, au château de Mersuay, canton de Favernay, près Vesoul en Franche-Comté, fille aînée de messire Antoine-Nicolas de Coucy, ancien capitaine au régiment d'Artois, infanterie, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de dame Marie-Gabrielle de Maignien, fille elle-même de messire Pierre-Claude Maignien, seigneur de Mersuay, et de Bourguignon, ancien major de la légion de Fischer, cavalerie, et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis ; contrat passé à Vitry-le-François, pardevant Addenet, notaire.

    Ses enfants sont:

    Odoart-Florian-Alphonse-Edmond du Pin, né le 25 mars 1806 ;
    Louis-Joseph Arthur, né le 19 mars 1811 ;

Les alliances de cette maison sont avec celles :

D'Aubigné. Boylesve. Arnoudde Nieuil. Brillac. Aycellin-Montagu. De Céris. Bastard. De Chasteigner. De Claveusrier. Lachesnaye. Couraud de la Rochechevreux. Le Cocq. Lévesque de Boisgroller. Couhé de l'Etang. Maron de la Bonardelière. Coué de Lusignan. Maulnourry. Coucy. Neucheze. D'Alloue. Naillac. D'Arcemale. Pigace. Des Gittons. Poulte de Nieuil. Des Ages. Rabenne. Dexmier de Chenon. Rechignevoisin de Guron. De Favereau. Rochefort-Dally. De-Fleury. Secondat Montesquieu. Frottier. Tusseau de Maisontiers. Goulard. Vasselot d'Anne-Marie. Guiot d'Anières. Verthamond. Guinot de Monconseil.

Armes : « D'argent, à trois bourdons de gueules mis en pal et pommetés de même. Supports, deux lions. »

Devise : Fidem peregrinans testor.

Couronne de marquis.

Nouveautés Gallica

Quelques nouveaux liens (parmi des centaines) sur Gallica dans la catégorie Biographies et Généalogie :

23 novembre 2009

Le Muy et la famille Félix du Muy

La ville du Muy dispose de sources de documentation assez importantes sur le Moyen-Age et la Renaissance mais les traces de l'Ancien Régime semblent avoir été effacées. Une famille une famille ayant pour apanage principal Le Muy s'est particulièrement distingué en fournissant notamment un Maréchal de France, il s'agit de la famille Félix du Muy. Nous faisons ici appel à tous les généalogistes et chercheurs qui pourraient aider la mairie du Muy à constituer un recueil d'informations et une iconographie des Félix du Muy. Vous pouvez envoyer les éléments que vous voulez bien partager à Mr Serge Lahondès, Adjoint au Maire du Muy (s.lahondes@orange.fr) ou à moi-même (gilles_guy_dubois@yahoo.fr).

Coïncidence, je suis allé visité le cimetière du Père Lachaise il y a quelques semaines et j'y ai photographié cette plaque de Jean-Baptiste Louis Philippe Félix du Muy (cliquez sur la photo pour l'agrandir) où il est inscrit :

Jean-Baptiste Louis Philippe
Félix du Muy
Ollières 1751 - 1820 Paris
1792 Lieutenant-Général
1781 Yorktown
1798 Egypte
1807 Gouverneur général de la Silésie
Baron de l'Empire, Pair de France, Comte


Par ailleurs, j'ai publié en janvier 2006, la notice du nobiliaire universel de France, voir La maison de Félix.

13 novembre 2009

Le Fort de Saint-Vincent du Lauzet en 1485

Ci-dessous, un texte original de V. Lieutaud sur le fort de St-Vincent du Lauzet (aujourd'hui St-Vincent les Forts) dans lequel on parle des Bosse de la Bréole, des Rodulf et de Baschi. J'ai pas mal d'ancêtres dans ce village, notamment les Lautaret et Théus, et j'aimerais bien trouvé des textes du même genre sur le St-Vincent des 17 et 18e siècles...

Le Fort de Saint-Vincent du Lauzet en 1485

Source : Annales des Basses-Alpes 1899-1900, p. 293
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5685671b

Ce n'est pas d'aujourd'hui que les Italiens en général et les Piémontais en particulier veulent du mal à la France et cherchent à le lui prouver sur le dos de la Provence.

En ce temps-là, par suite de manœuvres aussi habiles que déloyales, ils s'étaient emparés de la vallée de Barcelonnette, et les comtes de Provence avaient été obligés de fortifier sérieusement Saint-Vincent, le fort le plus rapproché de leur frontière.

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St-Vincent les Forts

Aussi, la situation du capitaine commandant cette forteresse était-elle une des plus importantes du pays et rapportait-elle honneur et profit au chevalier qui était assez heureux pour en être chargé.

Cette brillante et fructueuse perspective avait allumé la convoitise d'un noble bas-alpin du commencement du XVe siècle, Barthold de Baschi, seigneur du Castelar (de Castellario), que les documents appellent encore Bartold Vast et Bertold Vase (1).
(1) Fils de Guittard ou Guichard, + 7 septembre 1425, et de Jacquette de Farnèse, père de Jean-Antoine, tige des seigneurs du Castelar, et de Thadée, souche des trois branches des seigneurs de Saint-Estève, Saint-Pierre, Thoard, Estoublon, Auzet et en Languedoc, des marquis d'Aubaïs. Tout le monde connait le célèbre Charles de Baschi, marquis d'Aubaïs (1666-1777), qui a publié, en 1759, trois volumes in-4° de Pièces fugitives pour servir à l'histoire de France (1546-1653). Barthold avait été fait écuyer du roi Louis II, comte de Provence, le 7 décembre 1413 ; il testa et probablement mourut en 1487. Il était aussi seigneur de Peyruis.
C'était, à cette époque, un chevalier de la Bréole, Guilhem Radulphi, que la confiance royale avait chargé de la garde de cette position importante et qui s'en acquittait à merveille. Il y avait été placé par la reine Yolande (1417-1423) et avait remplacé Antoine Bosse, aussi de la Bréole, dernier châtelain, décédé (1).

Radulphi appartenait à une famille d'employés supérieurs, qui paraît avoir joui d'une certaine faveur auprès du comte de Provence de l'époque, Louis III. Ce prince avait confié la viguerie d'Hyères (Ville nove Arearum), place importante sur le rivage provençal, à Jean Radulphi, pour un an, à partir du 1er mai 1425, par lettres patentes du 11 octobre 1424 (2), et, malgré le triste état des finances comtales, fit, plus tard, le 7 octobre 1432, à Jean Radulphi, surnommé le Baron, un joyeux don de 60 florins (3). Un siècle avant, le 2 juin 1348, la reine Jeanne donnait la seigneurie de la Bréole à Bertrand Radulphi, chevalier, maître rational, procureur et avocat royal (4) ; ce qui n'empêche qu'on ne trouve, en 1309, un autre Bertrand Radulphi et son petit-fils Guilhem, déjà seigneurs de la Bréole (5).
(1) Voir ci-dessus : Quelques hommages bas-alpins, 2 mars 1386 ; Thibaud Bosse, de la Bréole.

(2) Troisième indiction, Registrum Ludovici III, f° 270, v°.

(3) Ibid., f° 350.

(4) C. ARNAUD : Viguerie de Forcalquier, 1492; Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, II, 287 ; Délibérations du conseil municipal de Sisteron, reg. n° 2, non folioté, ad calcem.

(5) GUICHARD ; Cominalat, II, 116. Le nom de cette famille est orthographié tantôt Radulphi, tantôt Radulf, Rodulphi, Rodulf et même Raoul. On peut en voir une assez mauvaise notice dans ROBERT DE BRIANÇON, II, 608, et MAYNIER : Noblesse de Provence, p. 236.
Guilhem Radulphi jouissait de la confiance royale. Il s'en rendait digne en exerçant consciencieusement ses fonctions de sentinelle avancée de la nation provençale, en entretenant à ses frais une bonne garnison, en veillant aux approvisionnements de la place et aux mouvements des ennemis italiens. Il avait été nommé châtelain à vie.

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Lac de Serre-Ponçon vu de St-Vincent

Et cependant Barthold de Baschi brûlait d'envie de le remplacer. Lui nuire dans l'esprit du prince et le faire révoquer, il ne fallait pas y songer. Il eut alors un trait de génie, digne d'un de ces rusés toscans dont il était issu.

Vu l'éloignement du comte, toujours occupé à batailler vers Naples, — et Dieu sait avec quels tristes succès, — la Provence était alors gouvernée par un vice-roi, locumtenens generalis, lequel n'était autre que Charles du Maine, le propre frère du roi Louis III, qui devait monter à son tour sur le trône de Provence en 1480, après la mort du fameux roi René, leur autre frère, et faire une si déplorable fin.

Comme toutes les races qui finissent, ce trio fraternel et stérile, — assez semblable à celui des derniers Valois, un siècle plus tard, en France, — manquait de beaucoup de qualités indispensables à un souverain, notamment l'activité, l'intelligence, l'énergie, la décision et la perception nette des hommes et des choses.

Berthold profita de ces défauts, — comme plus tard l'avisé Louis XI, de France, à notre dam, pour réunir la Provence à sa couronne. — Il vint à Aix, se faufila dans l'entourage du vice-roi, le flatta et s'en fit bien venir. Probablement, il le circonvint, lui représenta les hostilités italiennes imminentes, le mauvais état des places frontières, notamment celles des Basses-Alpes, son pays. Il n'eut, sans doute, pas grand-peine à se faire charger par ce prince facile et peu clairvoyant d'une commission lui revenant de droit, vu sa qualité de Bas-Alpin, — celle de visiter les places et les mettre en état de repousser, le cas échéant, les Italiens, éternels ennemis de la Provence (1).

A peine sa commission en poche, joyeux, il selle son coursier, se fait accompagner de solides estafiers et vole vers Saint-Vincent, — commençant ainsi sa tournée par la plus septentrionale des forteresses provençales.

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St-Vincent les Forts

Le fort était en bon ordre, bien gardé, bien armé, bien approvisionné. En cet état, son châtelain, Radulphi, jugeait peu nécessaire une visite pressante. Peut-être aussi connaissait-il Berthold et s'en méfiait-il un brin.

Le fait est que celui-ci dut user de ruse pour se faire ouvrir et pénétrer dans la forteresse.

Après avoir fait soigneusement embusquer, non loin des murs, sous un épais taillis, la troupe de gaillards qui l'avaient accompagné, il s'avance des remparts, exhibe sa commission, parlemente, fait enfin tant et si bien qu'il finit par se faire introduire dans le château.

Guilhem paraissait se tenir sur ses gardes, et le plus difficile restait à faire.

Bertold alors feint de remplir consciencieusement sa mission. Il visite la place de la cave au grenier, trouve, tout en ordre, loue Guilhem de la bonne tenue et ne tarit pas d'éloges sur son administration. Cependant les dehors lui ont paru un peu moins en état. Il lui a semblé que les fossés laissaient à désirer, qu'ils étaient çà et là éboulés, çà et là comblés, que les murs commençaient à se décrépir, à se démolir même. Il propose à Guilhem d'aller s'en rendre compte, voir les travaux à faire, les réparations à ordonner. Il insiste; il presse. Radulphi le suit enfin, sort du donjon, fait avec lui le tour des fossés, au bord desquels Bertold l'entretient le plus longuement possible, du côté opposé à l'entrée.
(1) C'était, du reste, une inspection qui se faisait assez souvent alors. — V. Dr BARTHÉLÉMY: Procès- Verbal de visites, en 1323, des fortifications des côtes de Provence..., Paris, Impr. nat., 1882, in-4°; tirage à part du t. IV des Mélanges historiques dans la collection des Documents inédits. — V. aussi aux archives des B.-du-Rh. les registres B, 77, en 1595; B, 246, en 1557; B, 193, en 1408 dans les B.-Alpes, publié par l'auteur de ces lignes, au t. IV du Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, pp. 239 et 435, — et B, 1103, qui est le texte publié par le Dr Barthélémy.
Entre temps, ses estafiers sortent de l'embuscade où ils étaient cachés, latitabant, se précipitent sur les portes, s'en emparent, ligotent la petite garnison et en un clin d'œil se rendent maîtres de la place.

Berthold ne tarde pas à retourner, voit le succès de sa ruse, se jette dans le fort, en referme vivement la porte au nez de Radulphi ébahi, stupéfait, ahuri.

Celui-ci finit cependant par revenir à lui, mais trop tard.

Il essaie alors de parlementer avec Berthold sentimentalement, doucement, sérieusement, énergiquement, furieusement, sur tous les tons possibles. Rien n'y fait. Il exhorte, adjure, conjure, refuse de prendre la chose au sérieux. On lui rit au nez. Il invoque la reine Yolande, qui le nomma, le roi Louis, son fils, actuellement régnant. Chansons ! Il menace, fulmine, argue de faux la commission du visiteur des places fortes. On le nargue. Il finit par s'emporter, tempêter, éclater en injures, en invectives, crier à l'infamie, à la trahison, insulter, provoquer, défier !.. On menace de tirer dessus, s'il ne se sauve promptement (1).
(1) Cette surprise déloyale qui eût mérité un châtiment exemplaire, si en Provence il y avait eu alors des châtiments, nous rappelle que deux frères Baschi, les seigneurs d'Aubaïs et de Saint-Estève, furent condamnés à avoir la tête tranchée et furent exécutés en effigie à Air, le 14 avril 1628. (Lettres de Peiresc, I, 593). Raço racejo ! — V. sur cette famille d'origine italienne, ROBERT DE BRIANÇON, I, 330 ; ARTEFEUIL, I, 186, et la généalogie fort rare, imprimée, en 1757, par les soins de François de Baschi, comte de Saint-Estève, ambassadeur en Portugal.
Radulphi gagna alors le large, honteux, déconfit, vexé, furieux, exaspéré, en proie à la honte, aux regrets, à l'indignation, à la rage, au paroxysme du courroux. L'âme bouleversée par les sentiments les plus violents et les plus divers, il saute sur un cheval et vole à Aix.

Charles du Maine le reçoit avec sa nonchalance habituelle, trouvant que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes et ne demandant qu'une chose : c'est qu'on le laisse tranquille, — unique désir des administrateurs d'un pays décadent.

Ce n'était pas le compte de Radulphi. Respectueusement, puis plus vivement, il insiste, persiste, prie, supplie. C'est en vain. Les jours, les mois passent inutiles à la cour du prince faible et indolent. Désespérant d'obtenir justice et réparation, Radulphi descend à Marseille, s'élance sur le premier vaisseau en partance pour Naples et porte ses doléances jusqu'au palais d'Aversa, où se trouvait alors le roi.

Louis III, le plus énergique des trois frères, nos trois derniers comtes, écoute le plaignant, trouve la chose étrange et avise immédiatement.

Le même jour, 30 mars 1425, il signe deux lettres patentes.

Par la première, il ordonne à son conseiller Pierre, seigneur de Venterol, chevalier (1), de remettre Guilhem Radulphi en possession du château de Saint-Vincent, par tous les moyens, même, s'il le faut, par la force, afin que satisfaction complète soit accordée au châtelain expulsé.
(1) C'était un des hommes de confiance du prince, qui, de 1399 à 1401, l'avait chargé de vérifier les dettes de la ville de Toulon et l'avait nommé viguier de Marseille en 1414. Cette famille, fort ancienne, figure aux chartes 692, 730, 992 du Cartulaire de Saint-Victor, dans LOUVET: Additions, I, 564, 571 ; Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, VIII, 49, etc. En 1373, Raimond de Venterol avait un brevagium, bref ou seigneurie particulière à Aiglun.
Pour qu'il puisse mieux remplir sa mission, il lui conte toute l'affaire, — ce qui nous procure l'honneur de la tenir de sa plume royale et le plaisir de la narrer, à notre tour, à nos lecteurs.

Par la deuxième, il confirme Radulphi en son office de capitaine de Saint-Vincent, sa vie durant, lui rappelant de nouveau les obligations de sa charge, que le tour joué par Bertold rendait plus strictes : vigilance à toute épreuve, fidélité inviolable, entretien d'une garnison constante et suffisante, inventaire des armes, vivres et munitions, réparations à exécuter, etc., — sans oublier les gages.

Il faut croire que Guilhem Radulphi partit d'Aversa satisfait et que, comme dans les contes des fées, une fois rentré dans son château, il finit par se marier et avoir beaucoup d'enfants, — si ce n'était déjà fait.

Nous avons eu la chance de découvrir naguères les deux lettres patentes aux fos 286 et 287 d'un vieux manuscrit de la Bibliothèque Méjane d'Aix, coté 538, connu sous le nom de : Registre de Louis III, comte de Provence. C'est là, ami lecteur, si le cœur vous en dit, que vous pourrez aller vérifier l'aventure et tirer encore bien des renseignements inédits sur l'histoire de Provence, dont, pour terminer, nous ne mentionnerons que les suivants :

F° 45, 31 décembre 1423. — Commission à Elion de Glandèves, seigneur de Faucon, et à Louis Galiot de presser le départ de la flotte provençale, qui était à Gênes.

F° 88, 4 juin 1424. — Lettres de familiarité pour Jean d'Amat.

F°136, 22 novembre. — Noble Verdillon, dit Biscoto, de Riez, est nommé capitaine de la terre de Saint-Laurent en Calabre pour 1425. — Autre lettre au même, f° 206, v°.

F°144,147, v°, etc., 1423-1424, etc. — Nombreuses lettres à Georges de Alamannia, comte de Pulcino, vice-gouverneur de Calabre.

F° 279, 15 novembre 1424. — Lettres à Charles du Maine, lieutenant général en Provence, de prorogation de délai pour les dettes de feu Barras de Barras, fils de Jean, sa femme Agassène et leur fils, contractées pour aider le roi à conquérir la Sicile.

F° 305, 1425. — Lettres pour Sarre de Brancas.

F° 348, v°, 5 juillet 1432. — Pour Grasso de Brancas.

Fos 114,153, etc. — Nombreuses lettres de nomination de notaires royaux et pour leurs examens, etc.

F° 268, 6 novembre 1428. — Confirmation, pour toute sa vie, de la nomination antérieure de Jourdain Brice, j. v. d., maître rational à la grand'cour d'Aix, à l'office de juge-mage et des seconds appels de Provence et de Forcalquier, etc., etc.

On peut consulter sur ce fonctionnaire la singulière notice d'ACHARD : Hommes illustres de Provence (Marseille, 1787, in-4°), II, 575. On y verra que Brice fit imprimer un savant ouvrage en 1433, trois ans avant l'invention de l'imprimerie. Achard n'indique pas le pays, à jamais célèbre, où cette impression aurait eu lieu. Souhaitons que c'ait été en Provence. Achard le fait encore mourir en cette année 1433. La vérité est qu'il contresignait encore des lettres royaux en 1438, avec la qualité de juge mage, professor eximius, seigneur de Velaux et Châteauneuf-le-Rouge, ainsi qu'on peut le voir dans FAILLON : Monuments inédits de l'apostolat de sainte Madeleine, in-8°.

V. LIEUTAUD.

09 novembre 2009

AD 14 en ligne

Les archives départementales du Calvados viennent de mettre en ligne une partie de leurs archives. Les délibérations municipales, cartes, plans, cartes postales et photographies sont en consultation gratuite, par contre, les registres paroissiaux et d'état-civil et le cadastre napoléonien sont en consultation payante. D'ailleurs une pétition contre la consultation payante des archives du Calvados a été mise en place sur mesOpinions.com :

L'adresse : http://www.archinoe.net/cg14/accueil.php

Les formules d'abonnement sont :

2 jours = 2 euros
7 jours = 6 euros (cette formule me suffirait)
30 jours = 20 euros
365 jours = 200 euros

Encore une fois, merci à Jacques Nerrou qui m'a transmis l'information.

07 novembre 2009

Descendance de Joannis de Verclos

Descendance établie d'après les travaux de Franck Tomi que je remercie.

Première génération

1. Pierre DE JOANNIS DE VERCLOS est né en 1661. Il est décédé en 1740. Pierre a épousé Marie Madeleine Louise DE VINCENS DE CAUSANS en 1718. Ils ont eu les enfants suivants:
+2Mi.Joseph Roch François Maurice DE JOANNIS DE VERCLOS.
+3Mii.Pierre Joseph DE JOANNIS DE VERCLOS.

4Miii.Ignace DE JOANNIS DE VERCLOS est né le 19 février 1733 à Avignon, Vaucluse, France. Il est décédé en mai 1801 à Perugia, Umbria, Italie. Evêque de Mariana et Accia.

5Miv.Joseph François Thomas DE JOANNIS DE VERCLOS est décédé en 1806. Joseph a épousé Leopoldine ZU LÖWENSTEIN-WERTHEIM-ROSENBERG en 1756 à Avignon, Vaucluse, France. Leopoldine est née en 1726 à Fürth, Bayern, Allemagne. Elle est décédée en 1759 à Paris, Seine, France.

Deuxième génération

2. Joseph Roch François Maurice DE JOANNIS DE VERCLOS (Pierre). Joseph a épousé DE SARPILLON DE COURTHÉZON. Ils ont eu les enfants suivants:
+6Mi.Joseph François DE JOANNIS DE VERCLOS.
3. Pierre Joseph DE JOANNIS DE VERCLOS (Pierre) est né à Avignon, Vaucluse, France. Pierre a épousé Marie Anne DE GUÉRIN en 1757. Marie est née à Avignon, Vaucluse, France. Ils ont eu les enfants suivants:
+7Mi.Alexandre Xavier Georges DE JOANNIS DE VERCLOS est né le 28 avril 1773, et est décédé le 16 juin 1839.

Troisième génération

6. Joseph François DE JOANNIS DE VERCLOS (Joseph Roch François Maurice, Pierre). Joseph a épousé Rosalie Thérèse DE GUIRAN en 1785. Ils ont eu les enfants suivants:
+8Mi.César Auguste Joseph DE JOANNIS DE VERCLOS marquis de Verclos est né le 9 avril 1786.
7. Alexandre Xavier Georges DE JOANNIS DE VERCLOS (Pierre Joseph, Pierre) est né le 28 avril 1773 à Avignon, Vaucluse, France. Il est décédé le 16 juin 1839 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Alexandre a été instituteur, ménager, propriétaire. Alexandre a épousé Marie MÈGE le 12 septembre 1797 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Marie est née le 18 février 1778 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Elle est décédée le 7 août 1835 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Alexandre et Marie ont eu les enfants suivants:

9Fi.Louise Jeanne DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 3 avril 1809 à Tarascon, Bouches du Rhône, France.
+10Mii.André César DE JOANNIS DE VERCLOS marquis de Verclos est né le 8 janvier 1811.

11Miii.Théophile Jacques DE JOANNIS DE VERCLOS est né le 5 mars 1815 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Abbé.
+12Miv.André Edouard DE JOANNIS DE VERCLOS est né le 2 août 1817, et est décédé le 9 juillet 1862.

13Fv.Magdelaine Julie DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 18 juillet 1819 à Tarascon, Bouches du Rhône, France.

Quatrième génération

8. César Auguste Joseph DE JOANNIS DE VERCLOS marquis de Verclos (Joseph François, Joseph Roch François Maurice, Pierre) est né le 9 avril 1786 à Avignon, Vaucluse, France. César a épousé Adélaïde Henriette Caroline DE PERRIN DE VERTZ le 27 octobre 1810 à Nîmes, Gard, France. Adélaïde est née le 18 février 1790 à Arles, Bouches du Rhône, France. César et Adélaïde ont eu les enfants suivants:
+14Fi.Joséphine Gabrielle Marie DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 5 août 1811.
10. André César DE JOANNIS DE VERCLOS marquis de Verclos (Alexandre Xavier Georges, Pierre Joseph, Pierre) est né le 8 janvier 1811 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Avocat, propriétaire. André a épousé (1) Marie Françoise Joséphine Hélène DE BARRÊME le 27 mai 1843 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Marie est née le 15 décembre 1818 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Elle est décédée le 30 août 1843 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. André a également épousé (2) Marie Adèle Théodore Noémi DE GÉRIN RICARD, fille de Louis Théodore DE GÉRIN RICARD et Marie Sophie Cécile Joseph COUSINERY, le 24 août 1852 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Marie est née le 20 août 1831 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Ils ont eu les enfants suivants:
+15Mi.Pierre Théophile "Georges" DE JOANNIS DE VERCLOS est né le 16 mai 1853, et est décédé le 21 août 1896.
12. André Edouard DE JOANNIS DE VERCLOS (Alexandre Xavier Georges, Pierre Joseph, Pierre) est né le 2 août 1817 à Tarascon, Bouches du Rhône, France. Il est décédé le 9 juillet 1862 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Avocat. André a épousé Marie Rose Denis DE GÉRIN RICARD, fille de Louis Théodore DE GÉRIN RICARD et Marie Sophie Cécile Joseph COUSINERY, le 8 mai 1849 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Marie est née le 2 décembre 1827 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Ils ont eu les enfants suivants:
+16Fi.Marguerite Théodore DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 21 février 1853, et est décédée le 11 avril 1937.

Cinquième génération

14. Joséphine Gabrielle Marie DE JOANNIS DE VERCLOS (César Auguste Joseph, Joseph François, Joseph Roch François Maurice, Pierre) est née le 5 août 1811 à Avignon, Vaucluse, France. Joséphine a épousé Gabriel Palamède Joseph DE FORBIN DES ISSARTS comte des Issarts, fils de Joseph Henri Charles Louis DE FORBIN DES ISSARTS marquis des Issarts et Adélaïde Marie Gabrielle DE FOGASSE DE LA BASTIE, le 20 février 1832 à Avignon, Vaucluse, France. Gabriel est né le 19 décembre 1802 à Avignon, Vaucluse, France. Officier de cavalerie. Gabriel et Joséphine ont eu les enfants suivants:
17Mi.Charles Henri Joseph Palamède DE FORBIN DES ISSARTS est né le 8 janvier 1833. Il est décédé le 6 avril 1916.
15. Pierre Théophile "Georges" DE JOANNIS DE VERCLOS (André César, Alexandre Xavier Georges, Pierre Joseph, Pierre) est né le 16 mai 1853 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Il est décédé le 21 août 1896 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Pierre a épousé Marie Caroline Jeanne D'ABOVILLE le 3 février 1881 à Paris. Marie est née le 14 août 1863. Elle est décédée le 12 janvier 1956. Ils ont eu les enfants suivants:
18Fi.Marie DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 8 avril 1885. Elle est décédée le 5 octobre 1968.
19Mii.Pierre DE JOANNIS DE VERCLOS marquis de Verclos est né le 18 octobre 1886. Il est décédé le 15 décembre 1950. Pierre a épousé Valérie Marie Eulalie FAURE-MILLER.
20Miii.Alphonse Denis Marie Jean DE JOANNIS DE VERCLOS comte de Verclos est né le 8 décembre 1887. Il est décédé le 18 mars 1963. Alphonse a épousé Simone DE BRACHET. Simone est née le 26 août 1894. Elle est décédée le 24 juin 1965.
21Fiv.Marguerite DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 4 juin 1889. Elle est décédée le 10 octobre 1988 à Beire-le-Châtel, Côte d'Or, France et a été enterrée le 14 octobre 1988 à Chonas-l'Amballan, Isère, France. Marguerite a épousé Marc Léon Joseph DE NANTES le 1 octobre 1919 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Marc est né le 5 mai 1882 à Lyon, Rhône, France. Il est décédé le 20 février 1964 à Chonas-l'Amballan, Isère, France.
22Fv.Cécile DE JOANNIS DE VERCLOS est née le 16 mai 1891. Elle est décédée en 1967.
16. Marguerite Théodore DE JOANNIS DE VERCLOS (André Edouard, Alexandre Xavier Georges, Pierre Joseph, Pierre) est née le 21 février 1853 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Elle est décédée le 11 avril 1937 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Marguerite a épousé Georges Dominique Hyacinthe Arnold DE BELSUNCE vicomte de Belsunce, fils de Louise Charlotte Hélène DE LAAS, le 18 juillet 1883 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Georges est né le 12 octobre 1848 à Orthevielle, Landes, France. Il est décédé le 6 janvier 1931 à Saint-Chamas, Bouches du Rhône, France. Ils ont eu les enfants suivants:
23Mi.Gaston Louis Marie André DE BELSUNCE est né le 24 octobre 1885 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Il est décédé le 14 septembre 1940 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Gaston a épousé Marguerite Marie Paul Eulalie Joseph Mathilde GIROUD DE CORMIS le 12 juin 1919 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Marguerite est née le 20 avril 1895 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Elle est décédée le 10 avril 1994 à Aix-en-Provence, Bouches du Rhône, France.
24Fii.Anne Georgina Marie DE BELSUNCE est née le 17 juillet 1887 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Elle est décédée le 26 février 1978 à Pierre-Bénite, Rhône, France. Anne a épousé Marie Joseph Pierre DE BACCIOCHI D'ADORNO le 11 juin 1914 à Marseille, Bouches du Rhône, France. Marie est né le 11 juillet 1887 à Aubenas, Ardèche, France. Il est décédé le 22 décembre 1957 à Marseille, Bouches du Rhône, France.

06 novembre 2009

Les Isoard de Chénerilles (suite)

Source : Annales des Basses-Alpes 1899-1900, p. 354
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5685671b

LES ISOARD DE CHENERILLES

(Suite)

La seigneurie de Chénerilles.

Elle est aliénée du domaine des comtes de Provence, en 1348, en faveur des Gantelmi. — Elle est donnée ensuite, en 1411, à Jean de Génoardis. — Antoine Isoard l'acquiert de la fille de celui-ci, en 1427. — Elle passe, en 1609, aux Salvan, d'Avignon. — Notes sur cette maison. — Les derniers seigneurs de Chénerilles, à la fin du XVIIIe siècle. — Familles du nom d'Isoard. — Lettres de viguier de Digne pour Jean Isoard de Chénerilles.

ACHAT DU CHATEAU DE CHÉNERILLES
PAR NOBLE ANTOINE ISOARD,
SEIGNEUR DE CLÉMENSANE (1427).

Voici les clauses principales de cet acte d'acquisition, « de la place, terre et seigneurie de Chénerilles » :

L'an de Notre Seigneur mille quatre cent vingt-sept, cinquième indiction, jour de dimanche, du mois de mai, vers midi, régnant Sérénissime prince le Seigneur Louis, par la grâce de Dieu, roi de Jérusalem et de Sicile, duc de Pouille, duc d'Anjou, comte de Provence, de Forcalquier, de Piémont, du Maine, amen ;

Qu'il soit manifeste et connu pour tous et chacun présents et futurs que noble et prudent homme Clavellin de Génoardis, jurisconsulte, habitant de la ville d'Apt, fils naturel et légitime de feu noble et honorable homme Jean de Génoardis, chevalier, célèbre professeur de droit civil, maître rational de la haute cour royale, personnellement constitué, en présence et audition de noble homme Antoine Isoard, de Digne, seigneur de Clémensane, et du notaire et des témoins soussignés et pour ce spécialement invités, a dit et affirmé comme véritable que noble Guilhelmine de Génoardis, sa sœur, fille en même temps qu'héritière par moitié du susdit Jean de Génoardis et femme de noble et prudent homme le seigneur Raymond Testons, de Draguignan, jurisconsulte, habitant la ville d'Aix, est tenue de donner et de payer, pour la part de dettes qui lui revient dans les biens et la succession dudit seigneur Jean, son défunt père, savoir, à noble André de Pazzis, marchand de Florence, la moitié de cent ducats d'or que ledit avait libéralement prêtés audit seigneur Jean de son vivant ; idem, à vénérable et noble dame Isabelle, sa mère, la moitié de 400 ducats d'or reconnus dans sa dot par le seigneur Jean, son mari ; la moitié des aliments dus à ladite dame Ysabelle, à raison de 25 florins par an, à compter de la mort de son mari jusqu'au jour de la restitution de sadite dot, et autres dettes. Attendu que la dite Guilhelmine est dépourvue d'argent et n'a pas les moyens de payer ce qu'elle doit, avec l'autorisation du seigneur Textoris, son mari, elle a constitué son procureur son frère Clavellin, avec plein et absolu pouvoir de vendre son château et sa seigneurie de Chénerilles, dans ce bailliage de Digne, à elle échu dans la succession de son père, suivant le partage fait avec sa sœur Jeanne.

Ensuite de ladite procuration, ledit Clavellin livre à titre de vente pure et simple, librement, sans aucune réserve, audit noble Antoine Isoard, seigneur de Clémensane, présent, stipulant, achetant pour lui et ses héritiers et successeurs quels qu'il soient, le susdit château et seigneurie de Chénerilles, sous la réserve du droit de haut domaine et de directe seigneurie de notre seigneur le Roi ; et ce moyennant le prix de 400 florins royaux d'or seulement.

Pour garantir l'exécution de cette vente, Clavellin de Génoardis engage et hypothèque à Antoine Isoard tous les biens de sa sœur, notamment une maison qu'elle possède à Aix, rue de la Madeleine, provenant de la succession de son père.

L'acte est passé à Aix, ledit 8 mai 1427, dans la grande chambre de l'hôtellerie de l'Étoile, appartenant à Antoine Bernard, en chevalier, seigneur de Trans, Foulquet d'Agoult, seigneur de Forcalqueiret, Elzéar de Pontevès, seigneur de la Roque-d'Antheron, Aycard Bot, seigneur de Gaudissard, amis ou parents des contractants.

Ledit acte de vente, dont un vidimus, délivré le 16 mars 1559, par ordre du comte de Tende, grand sénéchal de Provence, existe aux archives de M. le marquis de Chénerilles, à Aix, est accompagné de la datio in solutum (donation en paiement), faite par la reine Yolande à messire Jean de Génoardis, chevalier, du « chasteau et seigneurie de Chénerilles », en paiement d'une somme de huit cents florins d'or, due par elle, « soit pour ses émoluments, soit pour les indemnités qui lui étaient dues dans plusieurs commissions diplomatiques qu'il avait remplies pour lui en Italie, au péril de ses jours ». L'acte est passé en présence de Guilhaume Sagneti, juge de Nîmes. Se trouve jointe la confirmation de cette cession par le prince Louis II, époux de la reine Yolande, donnée dans l'abbaye de Saint-Victor-les-Marseille, signée de Jean de Sade, docteur aux lois, conseiller du roi et seigneur du château des Pilles.

Il est raconté, dans cette donation de la reine Yolande, que, plus anciennement, en 1348, la reine Jeanne avait donné la seigneurie de Chénerilles, qui était pour la première fois aliénée de la couronne, à Béranger Gantelmi et à Jacques, son fils, illustres chevaliers et grands dignitaires de sa maison et seigneurs d'Albaron-les-Arles, et cela en récompense des services signalés rendus à sa personne; mais que cette donation n'avait été faite que viagère, et que la seigneurie avait dû faire retour au domaine comtal à la mort de Jacques, bien que autre Jacques, son fils, eût, contre tous les droits royaux, voulu conserver cette seigneurie et ait joui de ses revenus, et qu'on avait été obligé de la lui retirer par force.

La terre de Chénerilles, Chanalilhis, locus de Canabiis, portent aussi d'anciens textes (1), a ses confronts bien définis, dans la cession aux Gantelmi, comme située entre les terroirs de Puymichel, d'Espinouse, de l'Hospitalet, de la Bâtie-de-Villeneuve, des Mées et la rivière de la Bléone. Cette localité forme encore, de nos jours, une commune, mais réduite à quelques granges éparpillées dans le territoire, dominée par les ruines féodales du vieux château et l'ancienne église paroissiale. Il est bon de noter qu'en mai 1629 la peste détruisit la petite population de ce village, qui se désagrégea à ce moment. Peiresc parle de cet événement dans ses lettres aux frères Dupuy.

LES SALVAN, HÉRITIERS DE LA SEIGNEURIE
DE CHÉNERILLES.

Louis d'Isoard-Amalric de Chénerilles, seigneur de Chénerilles, d'Esclangon et de Lambert, avait, par un testament de 1606, avons-nous vu, assuré sa seigneurie de Chénerilles à son neveu germain Antoine de Salvan, trésorier de la Chambre Apostolique à Carpentras, fils de sa sœur. Sa succession, avec une apparence importante, se réduisit à peu de chose, tant par suite des reprises dotales qu'exerça sa veuve Lucrèce de Villeneuve, s'élevant à 7,200 écus, que des legs faits à ses autres neveux ou nièces et des dettes de l'hérédité. Déjà même, le seigneur d'Espinouse, en sécurité de la dot de sa sœur, épouse de Louis d'Isoard, avait pris hypothèque éventuelle sur la seigneurie de Chénerilles, que lui avait en partie abandonnée le titulaire, et en avait prêté hommage au roi, en 1596. Mais Antoine de Salvan, bien qu'il n'acceptât que sous bénéfice d'inventaire la succession de son oncle, prit de suite les noms que cette succession l'obligeait de porter, d'Isoard-Amalric, avec le titre de seigneur de Chénerilles. Nous le voyons, en 1610, présenter requête au lieutenant général des soumissions à Aix, pour empêcher son cousin légitimé, François-Jacques d'Isoard, de Sault, de prendre la qualification de seigneur de Chénerilles.


(1) Tirant son origine du mot latin canabium, chanvre canèbe en langue vulgaire.



Or, celui-ci non seulement se prévalait de cette qualité comme petit-fils de son aïeul Jacques, qui, disait-il, avait substitué ses droit seigneuriaux, mais encore, en 1612, voulant affirmer ses prétentions, il les céda, au prix de 18,000 livres, à Jacques de la Tour, seigneur de Saint-Sauveur (1), de qui il avait déjà reçu la moitié de cette somme. Il est vrai que, peu de temps après, le vendeur révoquait lui-même la vente, par crainte, peut-être, d'un procès dont le menaça M. de Salvan.

Mais Antoine de Salvan eut d'autres difficultés à résoudre avec ses frères et sœurs utérins, Louis de Fournier et les dames de Régis, de Digne, et de Savonne de Beauvezet, enfants du second mariage de sa mère avec le capitaine Elzéar de Fournier de Champvert, originaire de Valréas, ancien gouverneur de Baumes de Transit en Dauphiné, et qui, à l'occasion de son mariage, s'était fixé en Provence (2).

Louis de Fournier avait hérité de son oncle Louis d'Isoard de son office de viguier, et de celui de lieutenant de viguier, dont il était aussi titulaire, et il avait vendu ces charges au prix de 8,000 livres.

(1) Par acte du 12 novembre 1612, reçu par Pierre Guey, notaire au Buis les-Baronnies.

(2) Ce mariage avait été reçu par Balthazard Julien, notaire de Valréas, en 1582. Catherine d'Isoard avait eu aussi deux filles de son premier mariage, mariées, l'une à noble Pierre Guilhermi, de Pernes, l'autre à Cathelin Chaboti, qui succéda, comme trésorier du Venaissin. à son beau-frère Antoine de Salvan.


En 1607, lorsqu'il avait été question du mariage d'Antoine de Salvan avec Suzanne de Rousset de Fargues, d'Avignon, et en contemplation de cette alliance, Louis d'Isoard (écrivant Hugoleny, notaire d'Aix) avait promis sa seigneurie de Chénerilles à son neveu et lui avait fait donation de 1,000 écus d'or. Le mariage avait eu lieu ensuite le 24 février 1608 (1).

Le paiement des dettes de la succession de son oncle devenant difficile à solder, Antoine de Salvan présenta, en 1621, supplique au Parlement pour que le remboursement en fût ajourné et qu'il ait le temps de prendre des arrangements avec ses créanciers ; or, le chiffre des dettes dépassait 22,000 livres et se trouvait plus élevé que l'actif. La suite nous prouve qu'il sut conserver la seigneurie de Chénerilles.

Antoine de Salvan testa le 11 septembre 1629 (Michelet, notaire d'Avignon) et ne mourut que le 13 juillet 1642.

Il laissa, de son mariage :
  1. Jean-Baptiste, qui suit :
  2. Jean-François, qui, sous le nom de « M. de Chénerilles », fut tué à Casal, le 7 décembre 1630 ;
  3. Alphonse, appelé « M. de Saint-Florans », qui mourut sans alliance, en 1714 ;
  4. et 5. Deux filles religieuses.

Jean-Baptiste de Salvan, appelé aussi « M. de Chénerilles (2) », seigneur de Chénerilles, habitait Avignon et le bourg de Monteux. Il se maria, le 8 décembre 1647, à Lucrèce de Galiffet. Il fit son testament en 1673, laissant entre autres enfants :

(1) Reçu par Jérôme Moyroux, notaire d'Avignon. — Suzanne de Rousset était fille de Jean, seigneur de Fargues, un des plus importants et riches gentilshommes d'Avignon.

(2) Il possédait un domaine au terroir d'Entraygues (Vaucluse), qui porte encore le nom de Chénerilles et appartient à M. Seyssau.


Une fille, Élisabeth-Suzanne, mariée, en 1693, à M. de Sarpillon du Roure, d'Avignon ;

Un fils, Ignace, mort sans alliance, et Gaspard-Joseph-Dominique de Salvan, appelé communément encore « M. de Chénerilles », seigneur de Chénerilles, qui épousa, le 10 février 1701, Marie-Pierrette du Casal (1), fille de Fabrice et de Françoise d'Honoraty de Jonquerettes. Il mourut le 20 décembre 1753 et fut enterré à Monteux, dans sa chapelle, laissant, outre plusieurs filles religieuses, deux fils :

Joseph-Ignace, qui fut chanoine de la cathédrale de Cambrai, archidiacre de Brabant, et

Alphonse de Salvan, appelé « M. de Saint-Florent », qui épousa, le 24 novembre 1725 (écrivant Jaume, notaire de Saint-Saturnin-les-Avignon, et Gailly, notaire à Paris), Dlle Madeleine de Trochereau de Beauvois, dont un fils unique :

Alexandre de Salvan, seigneur de Chénerilles, appelé toujours « M. de Chénerilles », né à Monteux, le 12 février 1728, marié, le 10 mai 1775, à Éléonore de Bouchet de Faucon, d'Arles. M. de Chénerilles mourut, sans postérité, le 20 septembre suivant.

(1) Mme de Chénerilles n'avait qu'un frère, le chanoine Jean-François de Casai, qui fut le dernier mâle de sa famille et fit héritier son neveu Alphonse de Salvan, en 1755. La maison actuelle de Casal, sortie des Caromb, n'avait qu'une parenté de nom, ou tout au plus bien éloignée, avec celle-ci.


Son père, qui lui survivait, laissa, par son testament du 9 août 1776 (écrivant Seyssau, notaire à Monteux), la majeure partie de son bien aux pauvres, notamment à l'aumône d'Avignon (1).

Par ses dispositions, M. de Chénerilles faisait d'importants legs aux maisons hospitalières de Monteux et de Baumes de Venise ; il donnait sa belle maison de la rue de la Masse, à Avignon, à son parent, M. de Bertrand ; il laissait aussi des souvenirs marquants à chacun de ses domestiques et aux personnes attachées à son service dans ses diverses maisons d'Avignon, de Monteux et de Baumes. Enfin, il léguait à son notaire et ami, audit Monteux, M. Seyssau, les trois maisons meublées qu'il possédait dans ce pays, ainsi que sa maison de campagne, appelée le Clos, et son banc à l'église, avec ses droits de juspatronage sur diverses chapelles. Le descendant de M. Seyssau, notaire lui encore à Monteux, possède plusieurs immeubles et objets provenant de cette succession, notamment les portraits des Salvan et, parmi eux, celui de Catherine d'Isoard de Chénerilles, que nous donnons ici.

(1) C'est dans les archives de l'Hôtel-Dieu d'Avignon que nous avons puisé nos renseignements sur la famille de Salvan de Chénerilles, grâce aux indications de notre regretté ami, M. Chauvet, archiviste de Monteux, qui avait été appelé à classer les archives anciennes des maisons hospitalières d'Avignon.


A la mort du dernier Salvan, seigneur de Chénerilles, en 1776, les héritiers naturels non nommés dans le testament de leur cousin se prévalurent de leur parenté pour réclamer la possession de cette seigneurie, qui n'avait été attribuée à personne dans ses dispositions. Ces héritiers naturels étaient :
  1. Charlotte de Galéan de Gadagne, veuve de Jean-Baptiste-Achille de Grille, marquis d'Estoublon ;
  2. Joseph-Gaspard de Galéan, duc de Gadagne, ancien capitaine de vaisseau, chevalier de Saint-Louis ;
  3. Hyacinthe-François de Paule de Fabry de Châteaubrun et Joseph-Charles, son frère ;
  4. Honoré-Bernard-Ignace de Monery de Caylus, baron de Marchesan, capitaine de dragons ;
  5. Dame Marie-Anne de Gazan, veuve de Pierre-Ignace Rousset, procuratrice de Pierre-François-Victor-Ignace d'Honoraty de Jonquerettes, officier aux gardes françaises, son petit-fils.
Ces divers héritiers naturels du dernier Salvan, après avoir prêté hommage, en 1778, à la Cour des Comptes, pour leur seigneurie indivise de Chénerilles, vendirent, le 24 octobre 1784, leurs droits seigneuriaux, au prix de 3,150 livres, à M. Barnabé Menc, négociant des Mées, qui, le 5 avril suivant, prêtait aussi hommage pour cette seigneurie.

Mais déjà, de leur vivant, les MM. de Salvan de Chénerilles avaient aliéné certaines portions de leur seigneurie ; aussi, trouvons-nous, le 26 février 1778, François-Charles-Xavier de Coriolis prêter hommage pour une partie de la seigneurie de Chénerilles.

Antérieurement même, Pierre-Vincent Nouguier, seigneur de Malijay, receveur général des finances en Provence, avait aussi rendu hommage pour certains droits féodaux sur la seigneurie, le 27 mai 1774.

Plus anciennement encore, soit que les aliénations vinssent de Louis d'Isoard ou de ses héritiers, ou mieux des reprises exercées sur le fief par les héritiers de Lucrèce de Villeneuve, sa femme, on peut constater, aux registres de l'ancienne Chambre des Comptes, des hommages pour des portions du fief de Chénerilles, passés : en 1685, par Marguerite d'Arnaud ; la même année, par Jean Rochebrun ; en 1719, par Hélène de Trichaud, veuve d'Antoine d'Aymar; en 1723 et 1754, par Pierre de Coriolis ; en 1740, par Antoine Chauvet, pour ses droits de péage à Chénerilles, à Mezel et sur d'autres points.

En 1754, Alphonse de Salvan avait, lui aussi, prêté foi et hommage pour sa seigneurie.

NOTA. — Il existait près de Draguignan un petit fief du nom de Cananilles, qui, en 1745, appartenait aux Villeneuve. Or, Cananilles est la forme latine de Chénerilles.

Les armoiries des Isoard étaient parlantes : d'or à la face de gueules accompagnée de trois izards de sable, arrachés, armés et lampassés de gueules.

Le tombeau des Isoard, à Digne, était dans l'église du couvent des Cordeliers, dont ils étaient bienfaiteurs insignes.

Le nom d'Isoard fut, jusqu'au XVIIe siècle, donné comme nom de baptême en Provence, même en Piémont. Aussi est-il extrêmement répandu, de nos jours, dans ces provinces, comme nom de famille. Sans parler d'un certain nombre de maisons qui le portaient aux siècles passés, nobles ou marquantes, avec des prétentions plus ou moins fondées à se rattacher à la famille dont nous venons de donner l'histoire, nous constatons que deux seulement furent maintenues par les commissaires, en 1667 et 1668, qui sont relatées dans le nobiliaire de Robert de Briançon : les Isoard, seigneurs de Thorame, et les Isoard, seigneur de Fontienne.

Les premiers produisirent des titres qui semblaient les rattacher aux Isoard, seigneurs de Chénerilles. Mais, dans les multiples documents qu'il nous a été donné d'analyser, de compulser pour ceux-ci, nous n'avons jamais rencontré aucune indication qui soit à l'appui d'une origine commune.

Quant aux Isoard de Vauvenargues, très connus aujourd'hui, et qui ont eu l'honneur de donner un prince de Église, le procès qu'ils ont eu à soutenir, en 1867 et 1868, contre les MM. de Clapiers, en revendication du nom de Vauvenargues, a mis au jour des documents qui prouvent que leur origine est toute différente de celle des familles que nous venons de citer, et qu'il n'y a aucun lien commun d'origine avec elles.

NOMINATION DU VIGUIER DE DIGNE
PAR LE GOUVERNEUR DE PROVENCE, EN FAVEUR
DE JEAN ISOARD, DIT LE CAPITAINE DE CHÉNERILLES.

Claude de Tende, chevalier de l'ordre du roy, grand sénéchal, gouverneur et son lieutenant général en Provence, admiral des mers du levant, à tous ceux que ces présentes lettres verront, salut.

Ledit seigneur, par son édit du mois de décembre dernier passé, et pour les bonnes causes et considérations y contenues, ordonna que dorénavant tous les viguiers généralement de tous les pays de Provence seront triennaux, et sera à iceux par Sa Majesté pourvu, par commission et non en titre d'office, de personnages suffisants, et môme en sept sièges principaux de ces pays, de gentilshommes zélateurs du repos public, que feront ordinaire résidence sur les lieux durant le temps de leur charge et commission, avec le pouvoir et autorité, selon et ainsi qu'il est plus à plein contenu par ledit édit ; nous ayant Sa dite Majesté, par ses lettres closes du IIIIe février aussi dernier passé, écrit et mandé de commettre aux sièges de la sénéchaussée et par toutes les autres villes de ces pays, où elle n'aurait pourvu de viguiers, personnages de la qualité susdite. A quoi désirant satisfaire suivant ledit édit, nous avons avisé de, dès à présent, commettre et députer pour trois ans prochain, acommençant cejourd'hui, date de ces présentes, en ladite charge et office de viguier de la ville de Digne, auquel Sa Majesté n'y a point encore pourvu, quelque bon et suffisant personnage de ladite qualité, et en ce faisant révoquer celui qui y est de présent en l'exercice dudit office de viguier ; savoir faisons que, pour le bon et louable rapport que fait nous a été de la personne de notre cher et bien aimé Jehan Ysoard, écuyer, seigneur de Chénerilles, à plein confiant de ses sens, suffisance, loyauté, preudhomie, expérience et bonne diligence, icelui pour ces causes à nous mouvant, et sous le bon plaisir de Sa Majesté, avons commis et député, commettons et députons par ces présentes audit état et office de viguier audit Digne, pour, par lui, l'avoir, tenir, exercer durant ledit terme et espace de trois ans, aux honneurs, prérogatives, préhéminences, franchises, libertés, droits), profits et émoluments accoutumés et qui y appartiennent, et aux gages de cinquante livres tournois pour chaque an, ordonnés pour le dit office par ledit édit, gardant toutes fois poulle bien, profit et utilité des manants et habitants de ladite ville, les six statuts et privilèges d'icelle, et pour ce faire voulons par lui être au préalable passé obligation et donné bonne et suffisante caution en la Chambre des Compte de ladite Provence, avec promesse de ne départir dudit office sans avoir fait son syndicat par devant notre lieutenant au siège dudit Digne, ainsi qu'il est écrit par l'édit. Si donnons en mandement par ces mêmes présentes à notre lieutenant audit Digne que, dudit Ysoard de Chénerilles pris et reçu le serment en tel cas requis et accoutumé, il le mette et institue en possession de ladite charge et commission, et d'icelle ensemble des honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, gages, droits, profits de susdit ; le fasse et laisse jouir et user pleinement et paisiblement durant le dit temps et termes de trois ans, et à lui obéir et entendre de tous ceux et ainsi qu'il appartiendra es choses touchant et concernant ledit office, nonobstant que celui qui est à présent en exercice dudit office de viguier n'ait encore parachevé le temps de sa commission, de laquelle nous l'avons révoqué et révoquons, lui interdisant de plus avant s'en entremettre, en mandant en outre au receveur ordinaire au siège dudit Digne de payer, bailler et délivrer audit Ysoard de Chénerilles lesdites cinquante livres de gages pour chacun an durant lesdits trois ans, aux termes et manière accoutumée, lesquelles en rapportant en ses présentes ou vidimus d'icelles, pour faire avec quittance sur ce suffisante, lui ferons allouer en la dépense de ses comptes déduits et rebattus de sa recepte pour tout où il appartiendra sans difficultés. En témoin de ce, nous avons signé ces présentes et à icelle fait mettre le scel de nos armes.

Donné à Aix, le septième jour de mars mil cinq cent soixante cinq.

Signé : CLAUDE DE TENDE.

Par Mgr le grand sénéchal et lieutenant général du Roy en Provence,

Signé: TOUSSEL.

(Sceau appliqué.)

Le 5 juin 1565, le dit sieur de Chénerilles a fait entériner lesdites lettres à la Chambre des Comptes par moi, audiencier en chancellerie :

BORILLY.

PAUL DE FAUCHER.