06 décembre 2007

De la part prise par le dauphiné aux évènements de l'invasion anglaise (1345 à 1385)

Revue anglo-française : ""

C'est surtout dans les provinces de la France limitrophes de l'Océan, dans la Guienne et aux abords de la capitale, que les invasions anglaises ont spécialement exercé leur action ; leur funeste influence fut à peu près nulle dans celles qui sont situées à l'extrémité du territoire français actuel : aussi est-il bien difficile de rencontrer des points de contact entre les monuments historiques de la Grande-Bretagne et ceux de l'ancienne province de Dauphiné. D'ailleurs les annales du Dauphiné s'associent rarement à celles de la France : elles ne se confondent qu'à la réunion des deux territoires, sous Philippe-le-Valois. Placé en dehors des intérêts politiques des rois de France, le Dauphiné, étranger aux querelles de deux peuples rivaux et puissants, n'ayant pas à redouter les hostilités de l'invasion, dans laquelle il n'était ni envahi ni envahisseur, n'eut pas l'occasion de figurer nationalement dans les guerres de la France et de l'Angleterre. Mais si les gentilshommes dauphinois ne marchèrent pas sous la bannière de leur patrie et en corps de nation, du moins leur fut-il loisible de prendre part à des débats auxquels les conviaient les mœurs guerrières du temps et l'opportunité de leur position indépendante. Leur coopération dans les guerres de l'invasion anglaise est à peu près le seul fait historique intermédiaire des annales anglaises et françaises auquel ils aient pris part ; et ce fait, encore, ne se présente-t-il qu'isolé, privé de ces particularités qui animent et fécondent le récit, tant les annalistes dauphinois ont été avares de ces détails dont s'enrichit le patrimoine historique des provinces.

L'histoire a consacré le souvenir des calamités qui affligèrent la France pendant la durée de l'invasion anglaise. Une grande partie de la noblesse française périt sur le champ des batailles,victime de son imprévoyance et de sa bravoure sans intelligence. La noblesse de Dauphiné, que de nouveaux liens attachaient à la France, par la cession qu'Humbert II avait faite de ses états à Philippe-le-Valois, prit naturellement les armes contre les Anglais, soit qu'elle fût appelée à remplir le service militaire, à la requête de son seigneur suzerain, soit qu'elle engageât sa coopération aux gouverneurs des provinces envahies et au roi lui-même. Mais quelle a été la part de gloire qu'elle recueillit dans la lutte ? quels malheurs a-t-elle eu à essuyer dans le désastre commun ? c'est là ce que les monuments historiques ne nous apprennent pas. Froissart et les annalistes du Dauphiné se sont bornés à mentionner les noms des gentilshommes qui s'illustrèrent dans les batailles. Voici cette nomenclature sèche et sans vie, telle que nous l'a faite le silence de l'histoire.

On voit accourir en Guienne, en 1345, à la sollicitation du comte de Lille, et pour repousser les armes du comte de Derby, Louis de Poitiers, comte de Valentinois, et son fils Aimar ; Hugues de Bressieu, seigneur de Viriville ; Imbert de Beaumont, seigneur de la Frette, qui fut obligé de vendre une partie de sa terre de Chabrillant au comte de Valentinois pour payer sa rançon ; et Henri de Montanien, qui mourut au siège de Bergerac.

Aimar de Poitiers, Sire de Venes, se jette dans Tournay et contribue vaillamment à défendre cette place, contre le roi Edouard, qui en faisait le siège. Aimar de Roussillon, sire d'Anjou, est tué dans un combat. Gaucher Adhemar, seigneur de la Garde, meurt au siège de Taillebourg, et Pierre de Cassard se signale ou siège d'Auberoche.

Le comte de Valentinois, Louis de Poitiers, perdit la vie au sanglant combat d'Auberoche, qu'il faut placer au 23 octobre 1345, d'après la leçon de M. Dacier, qui a rectifié le texte de Froissart Aimar, frère de Louis de Poitiers, fut fait prisonnier à la même journée. Froissart prétend au contraire qu'Aimar de Poitiers fut tué en combattant, tandis que Louis, fait prisonnier, obtint sa liberté ; et sa version a été adoptée par Daniel, Mézerai, le père Symplicien et André Duchesne, qui tous ont été induits en erreur par la fausse date de la bataille d'Auberoche, que Froissart place au mois d'août de l'année 1344.

Duchesne, surtout, qui a écrit l'histoire généalogique de la maison de Poitiers, ayant entre les mains des actes émanés de Louis de Poitiers, postérieurs à la fausse date de la bataille d'Auberoche, s'est cru autorisé à adopter le récit de Froissart, tandis qu'en restituant à la journée d'Auberoche sa véritable date, c'est-à-dire le 23 octobre 1345, force est d'admettre l'opinion des savans auteurs de l'histoire de Languedoc, qui, dans une lumineuse discussion, ont corrige le texte de Froissart. Il faut remarquer aussi que le recueil des titres de Louis de Poitiers n'en renferme aucun de postérieur au 23 octobre 1345, et que le don que Philippe-le-Valois fit à ce seigneur, d'une maison située à Nantes, est du mois de juin 1345 : double circonstance qui sert encore à étayer les rectifications faites par les historiens du Languedoc au texte de Froissart.

Quant à Aimar de Poitiers, il est aussi hors de doute qu'il a survécu à la journée d'Auberoche, puisqu'il existe beaucoup d'actes émanés de lui, bien postérieurs à cette époque.

Les Chevaliers dauphinois combattirent aussi aux deux tristes batailles qui moissonnèrent l'élite de la noblesse française, et réduisirent si longtemps le royaume à désolation : les batailles de Créci (26 août 1346) et de Poitiers (13 septembre 1356).

Les historiens ne nous donnent aucuns détails sur les prouesses et gestes de ces vaillans hommes : on dirait que dans leur abattement ils n'ont eu que la force de transmettre les noms des vaincus.

Louis de la Poype, seigneur de St-Julien. Guilhaume Artaud, baron d'Aix, capitaine de cent hommes d'armes, et Isnart d'Agout, seigneur de la Beaume, sou lieutenant. Lambert de Thivolay. Robert et Jean de Hostung. Jean de Guieffrey-Boutières. Ainard de la Tour-de-Vinay. Jean de Boenc. Pierre de Lionne. Guichard Alleman. Guilhaume de Bocsozel. Guilliaume de Vesc. Ponot des Granges. Pierre de Granges. Guilhaume de la Tour. Guilhaume de Brunier. Henri de Brunier. Godemar de Fay-St-Jean. Pierre Aleman. Louis de Loras. Hugues Bocsozel. Lantelme Iseran. Giraud et Pierre d'Urre. Guigues Sylve.

LORAS : de gueules à la face losangée d'or et d'azur.


Ces seigneurs périrent à Créci. L'année suivante, au siège de Calais, Jean de Montbel, seigneur d'Entremont, commandait dans l'Intérieur de la place un corps de troupes.

A Poitiers combattirent : Philippe de Terrail, troisième aïeul du chevalier Bayard, il fut tué. Bernard de Chaponnay, seigneur de Seyssins, qui fut blessé à l'œil et prisonnier.

Guillaume de Virien, tué. Guichard de la Poype-St-Jullien, qui vendit son patrimoine pour payer sa rançon. Guignes Aleman de Champs. Reynaud de Montauban de la Beaume-Noire. Bertrand de Montorsier. Lantelme Aynard. Guilhaume de Morges. Lantelme de Vausserre. Damiau de Gotefrey. Antoine de Poysieu.

Enfin en 1385, la noblesse dauphinoise accourut en foule à l'Ecluse, pour voler au secours de l'Ecosse contre l'Angleterre, sous les ordres de l'amiral Jean de Vienne. Entre autres se présentèrent : Guy de Morges-Montmeilleur. Lentzon. Albert de Tensin. Antoine de Montfort. Gui Gruel. Guilliaume de Grolée-Montrevel. Joffrey de Virieu. Thomas de Limonne. François de Montfort. Louis de Bocsozel. Bertrand de Bardonnèche. Jean de Rame. Falcon de Montchenu.


Dauphiné : écartelé : au premier et au quatrième d'azur aux trois fleurs de lys d'or, au deuxième et au troisième d'or au dauphin d'azur crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules

Tels sont les détails, ou mieux les arides nomenclatures, que les recherches historiques produisent, sur la participation du Dauphiné aux événemens qui se réfèrent à l'invasion anglaise en France.

OLLIVIER (JULES), juge au tribunal de Valence.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

BONJOUR MON BEAU PERE RECHERCHE LE BLASON DES LORAS OU LES ARMOIRIES DU DAUPHINE EN COULEUR ? les avez vous ?
scarlett.l@orange.fr

Gilles Dubois a dit…

Je viens de dessiner les 2 blasons et de vous les envoyer par mail. Je les ai aussi ajouté à cette page.

Anonyme a dit…

merci beaucoup pour les blasons - toute information sur les loras nous intéresse énormément - merci de me les transmettre par mail si possible - scarlett.l@orange.fr