13 mai 2006

La maison d'Audiffret (III)

3e BRANCHE,
ETABLIE EN LANGUEDOC, EN DAUPHINE, PUIS À PARIS.

  1. NICOLAS D'AUDIFFRET, chevalier, troisième fils de Martin d'Audiffret, premier du nom, et de Catherine de Tiran de Plano, mentionnés page 204; il entra au service de France en qualité de lieutenant des gardes-côtes, et passa en cette même qualité dans les troupes de la marine; puis enseigne des vaisseaux du roi. Il avait épousé à Marseille, le 14 janvier 1566, Marie de Pontevès, de laquelle il eut :

  2. ROMAN D'AUDIFFRET, chevalier. Il fut à peine en état de porter les armes que M. de Lesdiguières, son parent, lui donna une lieutenance dans sa cavalerie, et lorsque ce général vint en Provence pour donner des secours aux royalistes contre Charles I, duc de Savoie et prince du Piémont, qui avait envahi une bonne partie de cette province, il se trouva dans une bataille donné à Sisteron contre le duc de Savoie; il y fut blessé et fut fait capitaine d'une légion d'hommes à cheval. Cette armée, jointe à celle du duc d'Épernon, chassa le duc de Savoie de la Provence, et, la paix faite, il se retira à Montpellier où il se maria le 7 juin 1598 avec une héritière de la maison Des Jardins du nom de Marie; il testa le 18 octobre 1620, et laissa de son mariage :

  3. ANDRE D'AUDIFFRET, chevalier, qui servit comme son père avec distinction et commanda une compagnie de cavalerie. Il se trouva dans une bataille donnée à Montauban par les royalistes contre les huguenots, et, la paix faite, il se retira à Montpellier; il testa le 4 avril 1669, et avait épousé à Aniane, le 31 août 1637, Lucrèce d'Hugues, fille d'Antoine d'Hugues, seigneur de Boisclerc, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, etc., nièce du célèbre Guillaume d'Hugues, archevêque et prince d'Embrun, qu'Henri IV employa avec tant de succès dans différentes négociations importantes; il eut de sa femme :
    1. Hugues, dont l'article suivra;
    2. Pierre, qui embrassa le parti de l'Église; il fut nommé par Henri IV à l'évêché de Béziers, mais il mourut d'une maladie violente sans avoir pu être sacré.

  4. HUGUES D'AUDIFFRET, chevalier, servit longtemps en qualité de capitaine dans le régiment de Crussol, depuis Aunis; il devint successivement major, puis colonel du même régiment, et servit en cette qualité dans l'armée du maréchal de Turenne où il fit fait chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis; il quitta le service militaire pour entrer dans la magistrature, et fut nommé conseiller en la chambre des comptes de Montpellier; il justifia de sa noblesse devant le commissaire départi par le roi, et en obtint un jugement de maintenue; il avait épousé le 31 juillet 1671 , à Montpellier , Marguerite de Blaquières d'une illustre famille de Languedoc; de ce mariage est issu :

  5. JEAN D'AUDIFFRET, qui servit pendant quelques années dans le régiment de son père; mais sa mauvaise santé l'ayant forcé de quitter le service, il fut pourvu d'une charge de conseiller en la cour des comptes de Montpellier. Il épousa au château de Fontès, le 5 février 1706, Marie Anne de Vissec , fille de Jean-Pons de Vissec, seigneur de Fontès et de Laude, de l'ancienne maison de ce nom, qui descend des anciens souverains de Lodève, et de Marie-Anne de Mirman , fille de François de Mirman, baron de Florac, et d'Isabeau de Peyrat de la Redorte ; il laissa de son mariage :
    1. Jean-François Hugues, dont l'article suivra;
    2. Marie-Anne qui épousa le marquis de Vic, unique héritier de la maison de Roquefeuil ou Roquefolio.

  6. JEAN-FRANÇOIS HUGUES, comte d'Audiffret, né à Fontès , près Béziers, le 5 novembre 1707, entra au servie en qualité de lieutenant , puis d'aide-major dans le régiment de la Couronne dont le comte de Polastron, son grand-oncle, était colonel ; il fut ensuite désigné par le Roi pour former le régiment des gardes de Stanislas, roi de Pologne, puis duc de Lorraine et de Bar. Il fut major, ensuite lieutenant-colonel de ce régiment; et c'est dans ce dernier grade, après le siége de Coni, sur la fin de l'année 1744, que le prince de Conti le détacha de son armée pour aller commander sous les ordres de M. le comte de Marcieu, dans cette partie de l'Italie, jusqu'à la fin de l'année 1746 ; il y servit avec la plus grande distinction. On l'appela en récompense de ses services à la lieutenance de roi de Briançon et au commandement du Briançonnais, qui étaient vacants par la mort de M. de Riverie, brigadier des armées du roi. Il fit encore la campagne suivante en Italie sous le commandement de M. le comte de Mailly.

    La position de l'arme française exigeant qu'il reprît le commandement de la forteresse de Briançon, ce fut dans cet intervalle que se livra le fameux combat d'Exiles, où le comte de Belle-Isle, suivant le récit de Voltaire, blessé des deux nains en arrachant des palissades, en tirait encore des bois avec ses dents quand il reçut le coup mortel ; il avait dit souvent qu'il ne fallait pas qu'un général survécût à sa défaite, et ne prouva que trop que ce sentiment était dans son coeur. Les blessés furent conduits à Briançon ; là, la maison du commandant, comte d'Audiffret, fut convertie en un vaste hôpital, et les malades soignés avec le plus tendre empressement pour subvenir à tous leurs besoins il vendit sa vaisselle d'argent et ses meubles les plus précieux. Sa vertueuse épouse, mademoiselle de Montauban, se trouvait en couches à cette époque désastreuse ; mais, n'écoutant que la voix de l'humanité, elle se constitua l'infirmière de cette foule de blessés, les pansa de ses mains, et se dévoua si héroïquement qu'elle succomba au milieu de cette noble tâche. Le comte d'Audiffret chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint- Louis, mourut le 15 juin 1785, en son château de Passins, arrondissement de la Tour-du-Pin, département de l'Isère ; il avait épousé en secondes noces, le 24 mai 1773, Anne-Marguerite de Tarnésieu, fille de François de Tarnésieu, mestre de camp de cavalerie et lieutenant-colonel du régiment de Commissaire-Général ; il eut les enfans qui suivent :

    Du 1er lit :

    1. Un fils, qui ne survécut pas longtemps à la mort prématurée de sa mère.

    Du 2e lit :

    2. Louis Guillaume Joseph François, dont l'article suivra.

    3. Claude Laurent François d'Audiffret est entré au service peu de temps avant la révolution de 1789 ; il a été attaché à l'artillerie en qualité d'officier pendant deux ou trois années. Les désordres de l'anarchie l'ont obligé de quitter cette carrière et de se retirer dans la terre de Passins, résidence de sa famille. Sa vie, qui s'est passée presque tout entière, dans le repos de la campagne, a été terminée par une chute de cheval.

  7. LOUIS-GUILLAUME-JOSEPH-FRANÇOIS, marquis d'Audiffret, entré au service, en qualité de cadet, en janvier 1766, dans le régiment des Gardes Lorraines, sous-lieutenant audit régiment en 1768, fit la campagne de Corse en 1769, et fut nommé, dans son même corps, lieutenant en 1774 ; puis capitaine au régiment du Roi-Cavalerie, en juin 1779 ; inscrit, par ordre du roi, en 1787, pour prendre le commandement, avec rang de colonel, du premier régiment de cavalerie qui serait vacant ; refuse, en 1791, de prendre le commandement du régiment Royal-Pologne-Cavalerie, pour continuer ses services, qui étaient plus utiles au roi dans son ancien régiment. Ce désintéressement si louable lui valut, de la part de Sa Majesté, la lieutenance-colonelle de son régiment de cavalerie. En mars 1792, avec jouissance du titre et du rang de colonel, à dater de 1791, il fit les campagnes de 1792 et 1793, fut blessé de deux coups de sabre au siège de Maestricht. Il avait été nommé chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1791. Il commanda en 1815, 1816 et 1817, les deux escadrons de la garde nationale de l'arrondissement de la Tour-du-Pin , département de l'Isère, et mourut le 18 décembre 1825 ; il avait épousé; le 12 juin 1786, Amélie-Catherine le Séneschal. Le roi et la famille royale ont signé le contrat de mariage le 26 juin. Leurs enfants sont :
    1. Charles Louis Gaston, dont l'article suit
    2. Florimond Louis, dont l'article viendra après celui de son frère, page 220.

  8. Charles Louis Gaston D'AUDIFFRET, fils de Louis Guillaume Joseph François et d'Amélie Catherine le Séneschal, est né le 10 octobre 1787. La révolution, qui éclata deux ans après sa naissance, a détruit la fortune de sa mère, fermé la carrière des armes à son père et consommé la ruine entière de son patrimoine. Il a été élevé à Paris par les soins et les conseils de sa mère, dont la tendresse, aussi vive qu'éclairée, a assuré le succès de son éducation.

    Le manque de ressources de ses parents et les changements survenus dans le gouvernement de la France l'ont éloigné du service militaire auquel ses ancêtres avaient constamment dévoué leur vie. Il entra, à l'âge de 18 ans, dans l'administration, et fut employé en octobre 1805 à la caisse d'amortissement ; après deux années et demie de travail dans cet établissement, il passa, le 18 août 1808, au ministère du Trésor. Son zèle et son aptitude le firent parcourir assez rapidement les divers degrés de la hiérarchie administrative, et, dès le 1er janvier 1812, il était devenu chef de bureau ; nommé directeur adjoint, le 1er juin de la même année, il reçut, quelques mois après le titre d'auditeur au conseil d'état; une décision du 22 juin 1814 le créa directeur de la comptabilité générale des finances, la croix d'honneur lui fut accordée par une ordonnance royale du 11 février 1815 ; il obtint la place de premier commis des finances, le 1er janvier 1816, et celle de maître des requêtes au conseil d'état le 19 avril 1817 ; le 22 mai 1825,
    il fut élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur, et le 3 janvier 1828 au rang de conseiller d'état. Après vingt-cinq ans de travail administratif, il a été appelé, par une ordonnance royale du 29 octobre 1829, aux fonctions de président à la cour des comptes, et promu au rang de commandeur de la Légion d'honneur, par une ordonnance du 9 mai 1830 ; pair de France; par décision royale du 3 octobre 1837.

    On lui doit la plupart des améliorations introduites depuis 1814 dans le système de la comptabilité publique; il a provoqué la plus grande partie des simplifications et des économies réalisées dans les différentes branches de l'administration des finances. Il a établi un mode régulier et uniforme d'écritures pour les ordonnateurs des dépenses, les administrateurs des impôts, les comptables du Trésor, et enfin pour les agents auxquels sont confiés les deniers des départements, des communes et des établissements de bienfaisance. Il est parvenu à soumettre chaque année tous les faits qui intéressent la fortune de l'état au contrôle public de cour des comptes et des chambres législatives. II a exposé lui-même les heureuses conséquences de ces mesures dans un rapport sur l'administration des finances présenté au roi par M. le comte de Chabrol, le 15 mars 1830, et dans une notice sur la cour des comptes imprimée pendant 1'anne 1831, et annexée au règlement général sur la comptabilité publique du 31 mai 1838, ouvrage dont il a fourni les matériaux et soumis le projet à une commission spéciale délibérant sous sa présidence.

    Il a écrit l'article Colbert dans le Plutarque français. Il est le rédacteur choisi par la cour des comptes pour ses rapports annuels distribués aux chambres législatives. II a publié, en 1839, un livre ayant pour titre : Examen des revenus publics, qui a fixa l'attention des hommes d'état et des publicistes. Enfin, il a prononcé à la chambre des pairs des opinions et des discours, soit en son nom personnel, soit comme interprète des commissions sur la conversion des rentes, sur l'exploitation des salines de l'Est, sur les colons de Saint-Domingue et sur les budgets des exercices 1839 et 1840.

    Il a épousé, le 14 janvier 1823, mademoiselle Marie-Pauline Lucile Portal, fille du baron Portal, ancien ministre de la marine, grand'croix de la Légion d'honneur et pair de France.

    Il est issu trois enfants de ce mariage, savoir :
    1. Pierre Marie Gustave, né le 21 mai 1827.
    2. Amélie Marguerite, ne le 11 novembre 1823.
    3. Pauline Claire, née le 16 novembre 1832.

  9. FLORIMOND-LOUIS D'AUDIFFRET, frère cadet de Charles Louis Gaston, fils, comme ce dernier, de Louis Guillaume Joseph François et d'Amélie Catherine le Séneschal, est né le 14 juin 1789 ; venu au monde avant terme, il dut la conservation de son existence aux soins assidus de la plus tendre des mères et à ceux de son aïeule, madame le Séneschal.

    La révolution ravit à sa famille la presque totalité de biens considérables; mais il dut, comme son frère, aux sacrifices que s'imposèrent ses parents une éducation que des dispositions naturelles lui permirent de voir couronner de quelques palmes recueillies dans les concours des lycées; il dut surtout aux conseils de sa mère le succès des démarches qu'il fit dès l'âge de 17 ans pour réparer, par le travail, le manque absolu de fortune. Il dut encore une partie du succès qu'il obtint à la direction paternelle que son frère aîné conserva sur lui pendant toute sa carrière et surtout jusqu'à son mariage.

    Entré le 10 août 1806 à la trésorerie de la Légion d'honneur sous le patronage de M. le baron Louis, alors chargé de cet important service, il resta peu de temps dans ces bureaux, et passa à la caisse de service du trésor impérial qui venait de s'organiser le 14 du même mois. L'assiduité de son travail fixa bientôt sur lui les regards du directeur de cette caisse qui l'attacha à son bureau particulier. A l'âge de vingt ans, il était rédacteur dans les bureaux de la caisse de service, à vingt-un ans sous-chef et à vingt-deux ans chef de bureau à la division du mouvement général des fonds, qui avait succédé â la direction de la caisse de service.

    Pendant les années 1812, 1813 et 1814, il assista à tous les mouvements rapides de fonds, et à toutes les organisations de services que l'agrandissement du territoire et les déplacements du théâtre de la guerre amenaient. Ses jours et ses veilles furent consacrés à cette époque aux travaux que commandaient les circonstances. En 1814, il fut désigné par le ministre du trésor pour l'accompagner dans le voyage de Blois; le 5 avril de la même année il reprit son poste de chef de bureau à la division du mouvement général des fonds où il resta jusqu'en 1820, époque à laquelle il passa d'adjoint du directeur du mouvement général des fonds, directeur des droits d'entrées et d'octroi de Paris.

    Ce fut le 1er décembre 1820 qu'il quitta le trésor public, et le 1er janvier de la même année il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur, pour les bons services rendus par lui au trésor, depuis 14 ans.

    De 1820 à 1830, il exerça les fonctions de directeur des droits d'entrée d'octroi. Les produits de cette direction augmentèrent pendant sa gestion au point qu'en l'année 1828 il obtint 44 millions pour les recettes réunies de la ville et du trésor. On lui doit la mesure de la prise d'uniforme des employés aux barrières ; mesure qui en donnant un caractère plus officiel aux vérifications exigées par la perception, habitua les employés à une plus grande régularité de conduite, leur donna un utile esprit de corps, et empêcha la fréquentation des guinguettes qui avoisinaient les barrières.

    Pendant les trois jours de la révolution de 1830, il maintint les perceptions à toutes les barrières, et dès le 1er août, au moyen de quelques ménagements commandés par les circonstances, il put reprendre son service sur tous les points. Le commissaire du gouvernement bientôt ministre des finances qui vint rétablir l'ordre dans tous les services témoigna à plusieurs reprises toute sa satisfaction au directeur de l'octroi sur ce qu'il avait empêché la désorganisation d'un service qui est toujours le premier attaqué dans de semblables circonstances, et de ce que les relations de l'administration avec le commerce avaient été telles que celui-ci avait été l'auxiliaire loyal de l'administration contre la fraude.

    Le 10 septembre 1830, il fut nommé conseiller d'état en service extraordinaire, avec faculté d'assister et de prendre part aux délibérations du conseil, puis directeur de la dette inscrite chargé du service des pensions et de celui des cautionnements.

    Dès son arrivée à cette direction, il organisa les écritures centrales, de la dette inscrite prescrites par l'arrêté du ministre des finances, le 30 décembre 1829. Il prépara toutes les dispositions relatives à l'établissement des contrôles supplémentaires spéciaux à la dette prescrits par les arrêtés du ministre, du 8 décembre 1831, et par la loi du 24 avril de l'année suivante.

    En l'année 1833, une grande question financière agitait les chambres : celle des modifications à introduire dans le système des caisses de retraite : il crut devoir, sous le titre d'Observations d'un employé du trésor, faire paraître une brochure en réponse à un écrit intitulé Essai sur les pensions; le suffrage de gens qui étaient compétents en cette matière, et l'approbation de ses camarades le récompensèrent des soins qu'il donna à ce travail. Il a, en outre, rempli les fonctions de conseiller d'état, attacha au comité des finances, et celles de directeur de la dette inscrite; il a promu au grade d'officier de la Légion d'honneur et nomma receveur général des finances dans le département de la Haute-Saône; puis, par une décision royale du 12 avril 1840, receveur général dans le département de la Côte-d'Or.

    Il a épousé, le 27 décembre 1820, mademoiselle Gabrielle Zoé Pasquier, fille de M. Auguste Pasquier, administrateur des contributions indirectes, ensuite directeur général de l'administration des tabacs, et nièce de M. le baron Pasquier, chancelier de France, président de la chambre des pairs.

    Il est issu de ce mariage trois enfants :
    1. Charles Louis Émile Augustin d'Audiffret, né le 27 novembre 1821;
    2. Edmé Armand Gaston d'Audiffret, né le 20 octobre 1823;
    3. Louis Henri Prosper d'Audiffret, né le 1er juin 1826.
A suivre : La 4e branche établie à Nice.

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