24 février 2005

Baptêmes DUBOIS à Parcé sur Sarthe

Répertoire B 1529-1790, Relevés S 1701-1789, Table M an XVII...

Tome 7. 1621-1635 page 62/338


Dubois Louise de François et Chevrie Anne ... 3
Dubois Laurent de François et Chevrie Anne ... 14
Dubois Marie de François et Chevrie Anne ... 43
Dubois Jacquinne de François et Chevrie Anne ... 71
Dubois Renée de François et Chevrie Anne ... 93
Dubois Jean de François et Chevrie Anne ... 139

Tome 9. 1635-1661 page 80/338

Dubois Louise de Laurent et Martin Elisabeth ... 100
Dubois Jacquinne de Laurent et Martin Elisabeth ... 109
Dubois Laurent de Laurent et Martin Elisabeth ... 120
Dubois Marie de Laurent et Martin Elisabeth ... 132

Tome 11. 1661-1668 page 98/338


Tome 13. 1670-1676 page 108/338

Tome 14. 1676-1682 page 115/338
Dubois Jeanne de Louis et Luceau Jeanne ... 8
Dubois François de Louis et Luceau Jeanne ... 70
Dubois Gabriel de Louis et Luceau Jeanne ... 117
Dubois Renée de Louis et Luceau Jeanne ... 168

Tome 15. 1682-1691 page 122/338

Tome 16. 1692-1700 page 132/338
Dubois Jacques de Gabriel et Hubert Jeanne (° 1645, + 2 mars 1695) ... 12
Baptisé le 4 avril 1693. P: Jacques Patrie, M: Marie Patrie
Décédé le 28 décembre 1694

Dubois Marie de Gabriel et Desmortier Marie ... 13

Dubois Gabriel de Gabriel et Ruillié Marie ... 38
Baptisé le 22 fév 1695
Décédé le 28 fév 1695

Dubois Louise-Gabrielle de Gabriel et Ruillié Marie ... 60
Baptisée le 20 juil 1696

Dubois Gabrielle de Gabriel et Ruillié Marie ... 83
Dubois Gabriel de Gabriel et Ruillié Marie ... 110
Dubois Jean de Louis et Luceau Jeanne ... 16
Dubois Urbain de Louis et Luceau Jeanne ... 44
Dubois Urbanne de Louis et Luceau Jeanne ... 80

Laurent DUBOIS x Elisabeth MARTIN


Mariage de Laurent DUBOIS et Elisabeth MARTIN le 25 juin 1652 à Parcé sur Sarthe - M 1606-1668 page 82/188

04 février 2005

Le crime de Raibaut Rémusat 20 juin 1391

Revue des études historiques
BnF/Gallica : http://gallica.bnf.fr/document?O=N011721
Pages 421 à 450
Le crime de Raibaut Rémusat 20 juin 1391
par Paul de Rémusat
Au tems des premières croisades, Pons Remusat, homme libre de la ville de Valréas, s'offrit pour garant d'un seigneur dauphinois qui, en rémission de ses péchés, donnait son fils et sa belle-fille à Dieu et aux Templiers. On sait peu de choses de lui, sinon qu'avec son frère Guillaume et un cousin qui s'appelait Pierre, il habitait cette parcelle du Vaucluse que le département de la Drôme enclave aujourd'hui. Peut-être descendait-il d'un centurion nommé Remus ou de quelque paysan romain qui suivit en Gaule les légions.

Avec son frère et son cousin, il ne manqua d'assister, comme témoins ou comme caution, à aucune des fondations pieuses qui firent, des Templiers de Richerenches, d'opulents serviteurs de Dieu. Ses petits-enfants se répandirent nombreux au Dauphiné, en Provence, au Comtat. Le premier château qu'ils bâtirent, le peuple l'appela castrum Remusa.

Castrum Remusa. Photo : Raphaël Dufour
Tandis qu'une chapelle puis un bourg s'élevaient à l'abri de ses murailles, les Dauphins et les rois d'Anjou s'attachaient les Remusat comme jurisconsultes ou leur confiaient les clés et l'administration des cités. Raymond Remusat, dont le père avait posé les premières pierres du donjon, se qualifiait « miles, jurisperitus ». Nicolas Chorier nous apprend que le dauphin Jean I venait d'instituer l'étude du droit romain par des professeurs de droit à Grenoble et que ceux-ci étaient chevaliers. Les notaires l'étaient de tenus immémorial

« Notaires, office noble, écrit Chorier ; cet art n'est ni bas ni servyle. Dès 1050, il est exercé par des nobles de grandes maisons »

Les trois petits-fils de Raymond prospérèrent dans cette chevalerie de basoche. Guillaume, l'aîné, « miles » à son tour et « jurisperitus », fut juge du Palais de Marseille, juge du Diois et du Valentinois, juge et bailli de la baronnie de Montauban, bailli de Valréas, châtelain de Nyons.

Il avait hérité une montagne, la moitié d'un hameau et cinq châteaux qui commandaient le pays, de Nyon jusqu'au BuIs-les-Baronnies, testa en sa maison du Buis, élut ses frères et l'évêque de Vaison pour les exécuteurs de ses volontés.

Le cadet, que l'on appelait Cornillan, reçut avec les 5/8 de Remusat, des droits sur trois fiefs et huit châteaux en entier. Par eux, il dominait sans rival cette ligne de crêtes, parallèle au domaine de Raymond, qui, de la Motte-Chalançon, descend jusqu'à la rivière de l'Ouvèze. Cornillan Remusat fut, ainsi que son frère, jurisconsulte et chevalier ; lorsqu'il eut épousé Noblette Constant, fille du favori du dauphin, il fit une donation à son maître.

Raibaut R, le frère puîné, laissa à son fils Guillaume, avec sa part de Remusat, les marches de l'est du domaine familial Montmaurin, Tarandol, Cornillon et la bâtie du col de Soubeyran. Guillaume eut, comme viguier de Marseille, l'honneur de recevoir au nom de la ville, le pape Urbain V, puis il délaissa les conseils de ses puînées pour la vie âpre des donjons. En 1379, il s'allia avec Hugues et Jordain de Rivière, partit en guerre ouverte contre Raymond d'Agout. Bertrand son fils aîné, l'assistait. Ils combattirent ? , livrèrent des batailles rangées, « avec gens de cheval et de pied » et « mortalité et blessure de plusieurs hommes », dont « le fils du seigneur de Remusat, blessé dangereusement. » Enfin Raymond d'Agout demanda la paix. Bertrand Flotte, élu médiateur, condamna le vaincu à payer 1.000 florins d'or.

A la mort de son père, Guillaume Remusat avait prêté au dauphin Humbert II, un hommage qu'il avait renouvelé le 10 juillet 1350 ; Mabille seconde du Caire, sa femme, héritière de sa maison, lui avait apporté la moitié du Caire.

Pour accéder au Caire, il faut, venant de Sisteron, longer la rive gauche de la Durance, puis le cours de la Sasse, enfin celui du Riou-Clair, un peu torrent. On atteint le bourg de la Motte. Les roches qui s'élèvent de toutes parts s'écartent quelque peu et l'on pénètre dans le grand vallon dont les paysans ont fait un verger. Puis le vallon se referme ; des arches naturelles surplombent la route et la rivière. Le Caire est là, aujourd'hui pauvre hameau qui fait commune avec la Motte. Les filets des eaux incertaines du Riou le frôlent et, par Faucon, Goujon, par le village agreste de Bellafaire, on retrouve la Durance et la nature, à nouveau, sourit. Car nous avons traversé un paysage guerrier, si différent des Alpes champêtres de la Savoie, que nous avons peine à les apparenter. Ici, tout est dramatique ; brunes, nues, déchaussées, aigles, les roches s'élancent et se hérissent ; le soleil ne se pose que sur les têtes des aiguilles et laisse dans une ombre sèche, des hommes rares et leurs maisons de terre.

Mais, jadis, un tumulte faisait vibrer ces monts. Chaque hameau avait château et seigneur de race illustre : la Motte, Melve, étaient aux Artaud, Claret, Mison, Volonne, aux Agoult, issus des souverains de la vallée de Sault Faucon était aux Faucon, Esparron aux Castellane, Barras aux Barras, Sigoyer aux Leydet, princes déchus de la ville d'Apt ; Tallard devint duché.

Le Caire avait été acheté aux comtes de Provence par Bertrand des Baux qui l'avait revendu peu après à une dame de famille inconnue, Mabille, qui en prit le surnom. L'hommage de Pierre du Caire, pupille de Mabille I, est de 1309. François lui succéda, fit hommage en 1325, puis Mabille II, fille de François et jeune épousée de Guillaume Remusat, avoua une moitié du lieu, tandis que Pierre de Pontis se reconnaissait vassal pour l'autre part. Lorsque Guillaume Remusat mourut après Mabille, et parce que leur fils aîné avait succombé à ses blessures, Raibaut second, leur cadet, fut, avec sa soeur Noblette (Noblette de Remusat épousa Humbert Taparel, coseigneur de Veynes. Une transaction du 26 février 1389, conservée aux Arch. dép. de l'Isère, lui accorda le tiers des biens de Guillaume; Noblette en prêta hommage, par les mains de son mari, le 4 mai 1390. La transcription de la transaction est à la suite de celle de l'hommage; ce dernier est fait pour le tiers de tout le contenu en l'hommage de Reybaud de Remusat, aïeul de Noblette, du 25 juillet 1334, lequel est inséré en entier au corps du présent), seul héritier de ces e biens immenses.

Il en fit l'aveu à l'avènement de Louis II d'Anjou, qui montait sur le trône sous la tutelle de sa mère Marie de Blois. Une première fois, en 1385, Raibaut prêta hommage pour ses droits héréditaires sur la moitié du Caire. Qu'y eut-il en cet hommage et en l'investiture qui le consacrait, qui parut insuffisant aux magistrats de Sisteron ? L'an d'après, comme la reine régente était à Apt, Raibaut dut s'y rendre et lui renouveler sa foi

[?]

L'an d'après, à la faveur de la guerre lugubre avec les Anglais, Raimond, vicomte de Turenne, dévastait la Provence. La reine Jeanne de Naples avait aliéné jadis à son père plusieurs des villages qui avoisinent le Caire au nord, Bellafaire et Gigors, à l'est, Bayons, Mézel, Entrevennes, le Castellet, au sud la Motte, Vaumeilh et la vicomté de Valernes. Mais, comme ce nouveau vassal se montrait peu féal, Louis II les lui avait confisqués. Raymond accourut alors du Bas Limousin ; il réclamait ses biens. Louis II, puis la régente ne se pressant de les lui rendre, il appela aux armes, leva une armée de pillards. Il la divisa en deux troupes, donna le commandement de l'une à son cousin Tristan de Beaufort et mena lui-même l'autre au pillage.

Les deux compères battaient le pays en tous sens, avec de grands mouvements de faucheurs ; partout attendus, partout aperçus, ils épouvantaient. De Puget-Théniers jusqu'au col de Cîme, les églises, devant eux, répétaient le tocsin. Des échecs ajoutaient à leur fureur, Raimond saccagea les environs de Riez, puis, par la vallée du Verdon, marcha sur Castellane. Mais il ne put emporter la ville, se vengea en détruisant le pont qui donne accès à Moustiers, fit un saut vers Senez, rasa le village de Bordes qui ne s'en est pas relevé, ravagea Beauvezer, incendia Colmars et le château de Vauclause, dut alors revenir en arrière, vers les bailliages de Forcalquier et de Sisteron, où Tristan appelait au secours. Tristan avait mis à feu Thèse et Claret, mais subissait de grandes pertes à tenter vainement l'escalade des châteaux de Valbelle et de Saint-Vincent. Tout était en confusion. Les saisons s'écoulaient et, malgré la faiblesse du roi mineur, malgré le désordre général, les bandes en étaient là que des châteaux isolés leur résistaient, que Raymond devait abandonner hâtivement des plaines si grasses, des villes avec des marchands si riches, pour secourir son cousin.

C'est que la clé du pays où Tristan opérait est au défilé du Riou-Clair que les tours du Caire commandent et que les deux seigneurs du Caire étaient au roi.

Raimond scruta leur conscience. Il avait déjà soulevé quelques sires des entours de Sisteron. ; pourquoi les maîtres du Caire ne répondraient-ils pas à son appel ?

En vérité, les Remusat ne semblaient pas devoir lui être jamais amicaux; Antoine, à Ollon, François, à Rousset (Tous deux étaient cousins issus de germains de Raibaut), avaient subi les déprédations de bandes d'Anglais et de Bourguignons et se serraient autour du pouvoir royal. La ligne ininterrompue de créneaux des quarante-trois châteaux, affaires, maisons fortes ou bâties de la famille étaient la sauvegarde des domaines du roi dauphin et du roi de Naples, vers Nyons et son occident. Puis, la tradition des Remusat, officiers loyaux de leurs princes, se perpétuait l'un d'eux, après avoir été capitaine de Colmars, était bailli de Digne ; tel autre était bailli de Grignan, les deux frères Giraud et Bernard étaient recteurs de Montélimar, Bertrand, receveur des montagnes d'Auvergne, et le serment de Raibaut l'attachait à la reine qui l'avait baisé au front. Mais le sang guerrier de son père l'échauffait ; depuis trois ans que le ciel traînait ces odeurs de pillage, il les avait flairées ; il détroussait quelque peu, razziait pour son compte, et ses voleries lui laissaient au coeur quelque inquiétude. Des émissaires de Raimond de Turenne le gagnèrent.

On prit date et, comme au jour fatal, Guillaume de Pontis faisait la sourde oreille, Raibaut l'assassina. C'était le 20 juin 1391. Raibaut précipita le corps du mort du haut d'une tour, appela à son de trompe : sono ncunphuli, Tristan de Beaufort qui attendait avec ses hommes au col de Blaux, hissa la bannière de Turenne aux côtés de la bannière à la gerbe des Remusat, et festoya avec son allié.

Ce furent de belles fêtes ; les voyageurs et les paysans les payèrent. Ils payèrent tant que les villes s'émurent. Quand il crut Sisteron prêt à composer, Tristan de Beaufort qui, d'abord, voulait de l'argent, envoya vers la ville deux écuyers, Philipot Robert et Marot de Channac, pour faire avec elle, à l'insu de Raibaut, quelque accord profitable : « item, dit le registre des délibérations de Sisteron, à la date du 23 août 1391, ... »

Les trois états du bailliage s'assemblèrent le 28 pour entendre les ambassadeurs. Aux côtés du jurisconsulte Guy Crespin et de Denis Michel, fondés de pouvoir du clergé, on voyait six députés de Sisteron, parmi lesquels les deux syndics et le notaire du conseil, Prioret Laydet. Au nombre des seigneurs, se trouvaient Raymond et Amiel d'Agoult, qui votaient tant en leur nom qu'au nom de leurs vassaux, l'un pour les communautés de Mison, Noyers, Volonne, l'autre pour celles de Curban et de Claret. Il y avait aussi Isnard de Justas pour sa terre de Peipin, Pierre de Venterol pour Venterol qui n'est qu'à trois demi lieues du Caire, le seigneur de Turriers pour Turriers, Jean d'Ancelle pour Astoin et Raimond de la Font pour les vicomtés de Tallard et de Valernes. On avait convoqué Raimond de Turenne, car il fallait passer sur ses terres si l'on voulait attaquer le Caire ; mais, libéré par cette trahison, de toute inquiétude pour Tristan son cousin, Raimond s'en était retourné vers les lieux de ses exploits : il avait pris Banon au passage et s'y trouvait bien.

Avant de donner un seul denier aux rebelles, l'assemblée préféra en appeler à la reine, et lui donner de rudes avis sur Raibaut ; sa supplique est un curieux document, le premier qui fut écrit en langue romane à Sisteron

[? texte en langue romane ?]

Et soudain, n'attendant même la réponse, Sisteron passa à l'action. Jacques Fabre, premier grand maître de l'artillerie municipale « magister bomba rdoram » était mort il n'avait pas été remplacé dans sa dignité. Les syndics, pour enrichir l'arsenal, passèrent des commandes à un praticien et à un tailleur de pierres, Jean Féraud et Antoine Perace. Le premier livra « certos canozzes », le second reçut 8 gros « pro faciendo lapides bombarde » et 2 solides « pro apportando lapides bombarde de graveria » ; ces pierres étaient de dimensions énormes, arrondies telles des boulets ; comme en tailler un grand nombre demandait trop de tems, on utilisa aussi le gravier.

Aux premiers jours de septembre, l'armée s'ébranla, garnison royale et milices. Les seigneurs qui avaient pris part à l'assemblée des trois ordres, la rallièrent. Le capitaine du bailliage commandait en chef ; Gilbert Tinette tenait l'étendard d'Anjou, Arnaud Salve celui de la cité. L'évêque fit cavalcade jusqu'à la statue d'une Vierge qu'on vénérait non loin ; quand on y parvint, il bénit les étendards, les guerriers et leurs cimiers, et s'en fut retrouver ses ouailles. Il fallut traverser Valernes que les hommes de Raimond de Turenne occupaient, et ils en prirent occasion pour retenir une bombarde au passage. Enfin, l'on arriva ; la nuit tombait ; l'on avait fait six lieues en dix heures. L'étroitesse du défilé ne permettait pas à l'armée de se montrer aux rebelles dans son ampleur. Cependant Prioret Laydet, le notaire du conseil s'approcha ; il ébaucha une harangue mais se retira, car les assiégés lui lançaient des flèches et des pierres. Alors on alluma les feux des cuisines.

Quand une semaine se fut écoulée, chacun demeurait sur ses positions. Les assiégés n'osaient sortir, les assiégeants n'osaient s'approcher : l'escalade d'un tel rocher est malaisée sur des chevaux d'armes, et quelle stratégie peut faire une armée qui, pour se déployer, dispose de moins de trente mètres entre la montagne et le lit à demi sec d'un ruisseau ? Derrière les murs, l'on avait un peu faim ; on s'ennuyait au camp, partout l'on avait soif. Soudain, des nouvelles alarmantes s'insinuèrent: des bandes, conduites par Camisard, avaient emporté Lazer et traversé Reillanne en trombe, se joignaient à Banon à Raimond de Turenne, prenaient Rustrel ; elles allaient s'emparer d'un coup, d'Apt par le nord, de Sisteron par le sud. Alors, « on vit en même tems Apt demander des secours à Sisteron pour délivrer Banon et Sisteron implorer l'assistance de Riez et de Valensole pour sa propre défense. Raimond se délassait à assaillir les Mées, enlevait Montfuron, détruisait le château de St-Symphorien. Il fallait en finir au plus vite. Des pourparlers se renouèrent. Il y eut trois entrevues, les 11 et 24 septembre et le 7 octobre.

L'accord se fit le dernier jour : Tristan et Raibaut évacuaient le château ; le bailliage leur comptait mille florins qui faisaient vingt mille francs d'or de Provence. C'est la même somme qu'en 1379, Raymond d'Agoult avait payée à ses vainqueurs. Pour l'apprécier, disons que le Dauphiné tout entier fut vendu par Humbert II à Charles de France cent vingt fois seulement son montant. Les chevaux pris étaient rendus de part et d'autre et, comme, méfiants, les rebelles exigeaient des garanties, le bailliage leur donnait son propre sauf-conduit avec une escorte pour se retirer ; il ne pouvait faire plus sans l'aveu de la reine.

C'était, pour les bourgeois, se montrer avisés. En raison de quelques biens qu'il tenait à Malaucène et à la montagne de Beaumont, Raibaut relevait du Pape qui avait invité tous ses sujets à s'emparer de sa personne, en évitant toutefois de le mutiler. Et la veille même du jour où les assiégés s'accordaient avec le bailliage, Raymond de Turenne avait fait la paix avec la régente [?].

Le traité était très favorable à Raimond la couronne révoquait ses confiscations ; elle restituait les places des Pennes et de Meyrargues, les péages de Bouc et des Pennes et le port de Ste Reparade que Raimond possédait au tems de la reine Jeanne, lui abandonnait la vicomté de Valernes, et lui payait 14.000 francs d'or, soit six mille (le moins que le prix du Caire, avec mille livres de pension ; pour finir, elle amnistiait tous les rebelles, à l'exception d'un seul. [?] Baudet de Remusat et pour le semblant mess. Raymon sera bon ami de la cite de Marseille et de tous autres cités de madte dame...

Marie voulait le prix de son baiser. Quand, le surlendemain, Raibaut, suivi de ses quatre fils, passa le pont-levis avec Tristan, pour gagner Montmaurin, Raimond Bernard, un chevalier, lui prit le gantelet qu'il jeta à terre, au nom du roi, et conduisit son prisonnier au château de Digne.

D'autres alliés du vicomte de Turenne, Gantonet d'Abzac, Guillaume Pot, Tristan de Beaufort, qui n'étaient pas si bien pardonnés, furent déchus de leur qualité de chevaliers ; leurs descendans mâles furent privés du droit de tenir fief ou de remplir un office jusqu'à la deuxième génération. Le parjure et le crime de Raibaut appelaient sanction plus sévère. Pour lui, et pour un autre criminel, la reine institua un tribunal extraordinaire « à ceux-ci (du Marle, Ysnard de Glandevès sgr de Cuers, Refforciat d'Agoult chef des armées de la reine et Guigonnet de Jarente baron de Montclar pour les chevaliers, Jean de Marculph de Digne et Elzias Autric, gentilhomme d'Apt, élus par les états pour les assister, donna d'abondant la Royne pour commissaires deux gentilhommes de longue robe de son conseil, personnages recommandables pour leur érudition, et prudence aux affaires Messire Jacques Aycard Président en la Chambre rigoureuse en fut l'un, et M. Jean d'Orgeol l'autre, tous deux jurisconsultes bien excellents, et de prud'homie irréprochable, lesquels eurent charge expresse de faire et parfaire le procès jusques à de définition d'Arrest, contre les meurtriers qui tant proditoireme't avaient assassiné les seigneurs de Roquemartine et du Cayre.

Nicolas de Remusat, aîné des fils de Raibaut, avait épousé la fille d'Amiel d'Agoult, viguier de Marseille, par là l'un des principaux officiers de la reine. Amiel s'était joint aux gens de Sisteron. A la paix, il intercéda en faveur de son gendre et du père de son gendre. Il n'émut pas la reine, qui ratifia à Avignon, le 12 novembre, avec le traité, l'exception qui fixait le sort de Raibaut.

Les juges prononcèrent la sentence. Le légat du Pape vendit les biens de Malaucène et la montagne de Beaumont à Rostang de Remusat, seigneur de Beauvoisin (Rostang R. était arrière-petit fils de Guillaume R. cité plus haut et de Béatrix du Puy-Montbrun; il prêta hommage en 1390 et 1413 pour Beauvoisin, Benivay, Propiac et la part d'Eyrolles qu'il tenait de sa grand'mère paternelle Lucie Arcellier fut conseiller de la noblesse de Malaucène et testa en 1422-23 devant Girard Hermund, not. apost. [1t, 2', 3' et 4' testam., arch. dom, de l'auteur, origin.) et mourut avant 1427, année où la Agnès, sa veuve, renouvela ses hommages. Sa maison se trouvait à Malaucène, en cette place qu'on appelle aujourd'hui, en souvenir de lui la place de Beauvoisin; une fontaine, la fontaine de Beauvoisin, l'orne en son centre.).

La reine distribua les autres biens ; elle donna d'abord le Caire à Raimond Bernard et, le 5 décembre, les châteaux de la Val-d'Oule, c'est-à-dire Cornillon, Remusat, Montmaurin, au noble Guillaume, contor de Sanhis, « son familier », qui s'était distingué dans ces bagarres

[?]

Le rebelle, enfin, fut livré au bourreau ; ses fils Barrai, Porchon et Cornillan montèrent avec lui sur l'échafaud : ce fut à Sisteron ; la date de l'expiation est incertaine.

Quand les habitants de Sisteron eurent mesuré leurs dégâts, le conseil de la ville écrivit ses plaintes au sénéchal ; [?] ; il le supplia d'accorder quelques mesures libérales, mais rien, dans les archives de la ville, ne témoigne qu'il ait eu grand succès. Enfin, le 2 juillet 1399, le traité de Marseille acheva la pacification et peu après, Raimond de Turenne disparut dans les eaux du Rhône.

Nous ne savons ce que devint la veuve de Raibaut, qui s'appelait Raimonde Sanchuaud. Pour ce qui est de Nicolas Remusat, son beau-père le sauva du supplice. Il le cacha à Melve, puis, Nicolas, laissant sa femme Catherine et son jeune fils Claude à la garde de son beau-père, prit la montagne. Dès lors, nous perdons sa trace.

Cependant, lorsque Amiel d'Agoult, testa, le 17 mai 1406, il légua, n'ayant pas de fils, Melve et la Motte à Catherine, sa fille, femme, dit-il, de Nicolas de Remusat. On sait par là que celui-ci vivait encore, mais le crime était si récent qu'Amiel n'osa faire ce legs que sous le bon plaisir formel de sa femme. Celle-ci refusa-t-elle son consentement ou la Cour son investiture ? jamais Nicolas n'entra en possession d'aucun château.

Claude, son fils unique, épousa Helione de Montblanc, dotée avec peine de quelques arpents à Seyne, au Castellet et à Guillaumes, mais fille d'une grande race finissante. Claude et Helione eurent trois garçons. Florent, le cadet, s'établit aubergiste à Nice ; la profession était modeste mais le monde féodal ne connut pas cette immobilité, cette forme de l'orgueil dont les auteurs romantiques l'ont avili.

Pierre, le puîné, hérita les biens assis à Guillaumes ; tandis que plusieurs de ses descendants vécurent noblement à Aix, d'autres tombés en roture, finirent avec le sinologue Abel Remusat (1788-1832).

André, l'aîné des fils de Claude, reçut pour son lot les biens de Seyne. il s'y habitua, et, l'an 1437, fut élu noble consul par les Seynois. Cependant, il vivait ignoré. Devant les murs de la ville, les rumeurs des armes s'arrêtaient. Les bourgeois étaient sujets directs du roi, paisibles artisans ; le « très honorable Conseil » de la cité les administrait sous l'autorité d'un viguier ; quelques familles prenaient le titre de noblesse, mais ces nobles sans histoire cultivaient les champs, menaient comme les manants, leurs vaches et leurs anonges.

André eut beaucoup d'enfants ; l'auteur descend de l'un d'eux.